Les sages-femmes, pilier méconnu de la santé féminine

Chaque année, plus de 300 000 femmes meurent en donnant la vie et 2,7 millions de nouveau-nés décèdent au cours des 28 premiers jours de leur vie, de causes souvent évitables, rapporte l’OMS. C’est là qu’entrent en jeu les sages-femmes pour assurer le suivi de la grossesse, gérer l’accouchement et partager leurs connaissances des soins à donner aux nouveau-nés.

Encore faut-il reconnaître l’importance de leur rôle et leur fournir le soutien professionnel dont elles ont besoin. À travers le monde, les soins d’une sage-femme au moment de l’accouchement préservent souvent la santé de la mère et de l’enfant, en particulier dans les pays en développement. Et dans les régions rurales, elles assument des responsabilités sanitaires qui vont au-delà des soins prénatals, de l’accouchement et du suivi des naissances. Hélas, elles n’ont pas toujours accès à la formation nécessaire pour s’acquitter des tâches qui leur incombent, et leurs contributions ne sont pas toujours reconnues.

Un nouveau-né emmitouflé dans une couverture. (© AP Images)

Pour la première fois, une enquête vient d’être menée sur les conditions de travail des sages-femmes dans le monde. Financée par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’étude s’est déroulée sous la houlette de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en collaboration avec la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) et la White Ribbon Alliance (WRA). Quelque 2 400 sages-femmes de 93 pays ont répondu au questionnaire de l’enquête affiché en ligne.

Pour le docteur Ariel Pablos-Méndez, l’administrateur adjoint pour la santé mondiale et coordonnateur pour la survie de l’enfant et de la mère à l’USAID, « les sages-femmes sont indispensables pour fournir des soins maternels et néonatals de qualité, respectueux de l’individu. Elles sont en mesure de prévenir et de prendre en charge de nombreuses complications de la grossesse et de l’accouchement, et jouent un rôle crucial pour qu’il soit mis fin aux décès infanto-juvéniles et maternels évitables. (…) L’USAID s’engage à soutenir leur rôle majeur aux avant-postes des systèmes de santé et à leur donner les moyens de l’assumer. »

Le rapport final sur l’enquête, qui vient de paraître, est intitulé Midwives’ Voices, Midwives Realities: Findings from a global consultation on providing quality midwifery care (La voix des sages-femmes, leur quotidien : conclusions d’une consultation mondiale sur la prestation de soins obstétricaux de qualité). Il en ressort que les sages-femmes dispensent leurs soins dans des conditions précaires. Elles pâtissent souvent de l’inégalité des rapports dans les systèmes de santé et, bien que respectées dans la plupart des cas, certaines disent craindre le harcèlement au travail et l’insécurité financière. Une sage-femme sur cinq a confié avoir besoin d’une autre source de revenu pour assurer sa subsistance.

Un nouveau-né en train de bailler (Amy Cotter/USAID)

Les auteurs du rapport ont noté la nécessité de fournir aux sages-femmes une formation adéquate pour qu’elles puissent dispenser des soins de qualité conformes aux normes internationales. Ils ont énuméré trois recommandations principales, à savoir :

  • fournir un soutien professionnel ;
  • assurer une formation et un encadrement réglementaire plus appropriés ;
  • et sensibiliser le public aux soins obstétricaux.

Le rapport vient s’ajouter aux appels en faveur d’un encadrement professionnel plus approprié pour les sages-femmes. Une revendication d’ailleurs à l’origine de la création, en 2013, de la Fédération des associations de sages-femmes d’Afrique francophone pour veiller, entre autres, aux besoins de ces prestataires de soins trop souvent négligés.

 

Cet article se fonde sur un communiqué de presse conjoint de l’OMS, de la Confédération internationale des sages-femmes et de la White Ribbon Alliance.