
La criminalité ne respecte pas les frontières nationales. C’est pourquoi les professionnels de l’application de la loi aux États-Unis se joignent à leurs homologues dans d’autres pays pour mettre la main sur les criminels transnationaux.
Les responsables des services répressifs suivent ensemble une formation, partagent des données et des ressources, et coopèrent dans le cadre d’opérations d’arrestation complexes.
La criminalité transnationale comprend toute une gamme de délits :
- le terrorisme ;
- la cybercriminalité ;
- le trafic d’armes ;
- le trafic de drogue ;
- la traite des personnes ;
- le trafic d’espèces sauvages ;
- la contrefaçon ;
- et le blanchiment d’argent.
Ci-après, quelques exemples de coopération entre différentes agences du gouvernement américain et leurs partenaires internationaux pour retrouver les auteurs de crimes et les traduire en justice.
Le département d’État des États-Unis
Au département d’État, le Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL), qui est chargé de la lutte contre les stupéfiants, coopère avec des partenaires dans 90 pays pour combattre le trafic de drogue, la corruption et la criminalité organisée. Parmi ces partenaires figurent les gouvernements d’autres pays, des organes internationaux et régionaux, des organisations non gouvernementales et des entités de justice pénale américaines au niveau fédéral, des États et local.
L’INL gère les centres de formation appelés ILEA, ou International Law Enforcement Academies, ouverts à Accra (Ghana), Bangkok (Thaïlande), Budapest (Hongrie), Gaborone (Botswana), San Salvador (Salvador), et Roswell (Nouveau-Mexique, aux États-Unis).

Depuis 1995, ces centres ont formé 75 000 responsables des services répressifs de rang supérieur ou intermédiaire dans 100 pays. Des formateurs de 15 agences fédérales de répression enseignent des cours spécialisés. « Dans chaque classe de l’ILEA à San Salvador, les élèves forgent des liens et des alliances qui durent toute leur carrière et permettent de barrer la route à la criminalité transnationale organisée », a déclaré le directeur adjoint de l’ILEA San Salvador, Carl Beckett, dont l’agence-mère est la DEA (Drug Enforcement Administration, l’agence anti-drogue américaine).
Les centres ILEA ne sont pas les seuls à offrir des formations. En effet, l’INL met à profit ses partenariats avec des organes de justice pénale au niveau des États ou des municipalités pour former des professionnels des services répressifs d’autres pays. (Au cours d’une récente période de quatre ans, 3 100 membres de systèmes de justice pénale dans le monde ont bénéficié de cette formation.)
Cathy Marchese, une coordonnatrice de programme INL, a déclaré que les professionnels d’application de la loi partagent tant leurs meilleures pratiques que les défis auxquels ils font face. « Les responsables de la justice pénale à l’étranger (…) ont des échanges avec des gens qui font le même travail qu’eux. Ce qui crée immédiatement un certain niveau de collégialité et rend l’information plus pertinente », a-t-elle souligné.
Comme les criminels se déplacent pour éviter d’être repérés, le département d’État forge des liens transfrontaliers pour pouvoir les appréhender. Kara Rose apporte ses trente d’ans d’expérience dans la police au groupe des 70 experts de la justice pénale qui aident l’INL à élaborer ces programmes. En y incluant des civils, a-t-elle précisé, « les partenaires à l’étranger peuvent trouver des façons de coopérer avec leurs communautés pour résoudre les crimes et améliorer la sécurité. »
De nos jours, les criminels opèrent de plus en plus dans le cyberespace. Viennent à l’esprit les cas de rançonnage ou d’usurpation numérique des droits d’auteur. L’U.S. Transnational and High-Tech Crime Global Law Enforcement Network (réseau des États-Unis pour la répression de la criminalité transnationale et de haute technologie) renforce les capacités d’enquête et de poursuite judiciaire de ce type d’activités. Il met des mentors fédéraux américains et un réseau mondial d’experts en criminalité numérique à la disposition des agents chargés de l’application de la loi dans les pays partenaires.
Le département de la Justice des États-Unis
Au département de la Justice, la DEA et le FBI (Federal Bureau of Investigation, la police fédérale américaine) combattent la criminalité transnationale.
La DEA enquête sur le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et les organisations criminelles transnationales connexes qui affectent les États-Unis et leurs citoyens.
L’opération Trojan Shield a permis de recueillir des informations qui ont conduit à l’arrestation de 800 criminels présumés.
Ses enquêtes ont permis de poursuivre les plus grands trafiquants de drogue du monde, notamment Pablo Escobar et Joaquin « El Chapo » Guzman. Il ne s’écoule pas un mois sans que la presse ne signale des coups de filet dans lesquels cette agence a joué un rôle important.
Les 91 bureaux de la DEA, répartis dans 69 pays, proposent des cours aux homologues des fonctionnaires américains sur la poursuite des enquêtes relatives au trafic de stupéfiants et au blanchiment d’argent ainsi que sur le leadership, la gestion du personnel, l’éthique et la gestion des crises.
Quant au FBI, cela fait 70 ans qu’il affecte des agents spéciaux à l’étranger. En établissant des relations avec les services de police, de renseignement et de sécurité sur place, le Bureau facilite l’échange régulier d’informations. Aujourd’hui, il compte 63 bureaux d’attachés juridiques et deux douzaines de bureaux secondaires de taille plus modeste dans des villes clés du monde entier, situées dans 180 pays, territoires et îles. Chaque bureau est établi par accord mutuel avec le pays hôte et est situé dans l’ambassade ou le consulat des États-Unis sur place.

En outre, le FBI forme des agents étrangers à la collecte d’indices matériels et aux méthodes d’enquête.
En coordination avec la police fédérale australienne, Europol (l’agence européenne spécialisée dans la répression de la criminalité) et une douzaine d’autres pays, le FBI a créé une application de messagerie cryptée qu’il s’est arrangé pour faire distribuer parmi des organisations criminelles, une façon d’infiltrer le milieu. Environ 12 000 dispositifs cryptés ont ainsi été utilisés. Cette opération, baptisée « Trojan Shield* » (« Bouclier de Troie ») a conduit jusque-là à l’arrestation de 800 criminels présumés.
La Garde côtière des États-Unis
La Garde côtière travaille elle aussi avec des partenaires mondiaux et forme du personnel étranger, soit en offrant des cours à des élèves en stage aux États-Unis, soit en envoyant des équipes mobiles de formation dans les pays participants.
La formation internationale, l’assistance technique et les échanges professionnels de la Garde côtière servent des objectifs régionaux tels que la lutte contre la pêche illicite, non déclarée ou non réglementée, qui menace les stocks halieutiques et de fruits de mer et met en péril les moyens de subsistance des pêcheurs légitimes.
Les accords dits « Shiprider » de la Garde côtière autorisent ses agents à fouiller des navires suspects au nom d’un pays partenaire, et vice-versa. Au cours des six derniers mois, ils ont ainsi permis à des éléments de la garde côtière américaine de saisir 4 466 kilogrammes de cocaïne et 454 kilogrammes de marijuana sur des bateaux battant pavillon étranger.

« Les accords Shiprider ont élargi les pouvoirs des services répressifs maritimes et empêché des acteurs illicites d’exploiter le droit international et les frontières juridictionnelles », explique Brian Chapman, de la Garde côtière.
*en anglais