
Ce mois de juillet marque le centenaire de la naissance de Nelson Mandela. À travers le monde, les gens tournent leurs pensées vers cette figure emblématique de la lutte contre l’apartheid, et prix Nobel de la paix, cinq ans après sa disparition. Ils réfléchissent à la façon dont il a marqué leur propre vie.
Trois d’eux nous expliquent en quoi les enseignements de Mandela ont résisté à l’épreuve du temps pour eux.
« L’éducation est l’arme la plus puissante »
À la Watkins Elementary School, une école primaire publique à majorité afro-américaine et située dans le quartier du Capitole à Washington, la responsabilité d’éduquer la prochaine génération sur Nelson Mandela incombe à Rashida Green, qui enseigne l’histoire-géo aux élèves de CM2.

Elle consacre deux semaines à la vie de Nelson Mandela dans le cadre de son cours multimédia sur les droits civiques.
L’enseignante, âgée de 41 ans, s’identifie au leader sud-africain parce qu’elle est née et a grandi au Mississippi, un État au passé marqué par les conflits raciaux. Elle leur explique l’apartheid en comparant ce régime aux lois Jim Crow dans le Sud qui ont séparé les Noirs et les Blancs dans les lieux publics pendant des dizaines d’années avant d’être déclarées anticonstitutionnelles.
Ses élèves regardent des vidéos sur la vie du géant sud-africain et lisent deux livres : Un long chemin vers la liberté, son autobiographie, et Who was Nelson Mandela ?, une biographie rédigée pour un jeune public. Les élèves rédigent ensuite une composition dans laquelle ils expliquent comment ils peuvent, eux aussi, avoir un impact.
« Ils ont l’étoffe pour changer le monde, assure-t-elle. Et je suis convaincue qu’ils peuvent le faire. C’est donc un bel exemple et une source d’inspiration pour eux (…), le fait de savoir que, quand on est instruit, on peut changer le monde. »
« Il y a beaucoup de choses qui nous unissent »
Chaque année depuis 2008, le programme jeunesse du musée Nelson Mandela en Afrique du Sud organise un voyage en Allemagne pour un groupe de jeunes dans le but de leur faire mieux comprendre l’Holocauste. L’idée en revient à Anka Johow, une jeune femme qui a travaillé au mouvement associatif YMCA en Allemagne de 2005 à 2015.
Les élèves participent à un camp de jeunes proposé par le YMCA avec ses partenaires et d’autres associations fédérées. Ils y rencontrent aussi des adolescents venus d’Israël, du Bélarus, des Pays-Bas, de Pologne, de Slovaquie, de Russie, de Lituanie et d’Allemagne, tous venus pour apprendre l’Histoire.
Mais Anka Johow voulait aussi que les Européens comprennent l’apartheid. Alors en 2012, le YMCA et le musée ont organisé un voyage en Afrique du Sud pour leur donner une meilleure idée de ce régime de ségrégation, adopté en 1948 et légal jusqu’à son démantèlement en 1994. Les participants ont entendu des témoignages de personnes qui avaient été emprisonnées à Robben Island, là où Mandela a été lui-même détenu pendant 18 ans, sur les 27 années qu’il a passées en prison.
« Nous ne voulons pas seulement parler de la Seconde Guerre mondiale, de l’Holocauste et de l’Europe ; nous voulons aussi parler de l’apartheid et de ce que cela signifiait », insiste Anka Johow, aujourd’hui âgée de 31 ans et vivant à Montréal, où elle travaille pour l’organisation évangélique Power to Change Ministries. « Il y a beaucoup de choses qui nous unissent, comme des espoirs communs et des rêves communs (…), et les points positifs qui découlent du contact avec des personnes venues de cultures diverses. »
« Un symbole d’espoir » pour ce diplomate américain

L’une des premières missions d’Alvin Murphy en tant que réalisateur d’émissions de télévision a été de couvrir la visite de Mandela à Washington en 1990, un homme qui était « un symbole d’espoir » pour lui depuis longtemps.
« Étant noir et ayant grandi dans le Sud, en Caroline du Nord, j’ai moi aussi connu la discrimination, les préjugés et la ségrégation ; on ne pouvait pas boire aux mêmes fontaines à eau que les Blancs, manger dans certains restaurants ni habiter dans certains quartiers », raconte-t-il. Il se souvient aussi avoir fait la cueillette du coton pour gagner de l’argent et aider sa famille.
Alvin Murphy a appris de Mandela « l’importance d’être au-dessus de la mêlée au lieu de se laisser entraîner par des émotions négatives ou des comportements de haine, de vengeance ou de blâme ».
Aujourd’hui, Alvin Murphy travaille au département d’État des États-Unis en tant qu’agent chargé des politiques à l’égard de l’Afrique. Il rencontre les futurs leaders du continent dans le cadre du programme Mandela Washington Fellowship, qui propose six semaines de formation en leadership et de perfectionnement professionnel à des centaines de jeunes élites.
« J’ai l’occasion de transmettre aux Mandela Washington Fellows ce que Mandela m’a donné année après année », se félicite Alvin Murphy. L’exemple donné par Mandela « a changé ma vie à tout jamais », ajoute-t-il.
Cet article a été écrit par la rédactrice indépendante Lenore T. Adkins.