L’Iran exporte la violence et la répression

De jeunes soldats marchant en file indienne (© Ebrahim Noroozi/AP Images)
De jeunes membres des forces bassidj iraniennes s’entraînent au nord-est de Téhéran, le 24 avril 2015. (© Ebrahim Noroozi/AP Images)

Au cours des dix dernières années, le régime iranien a rapidement élargi les rangs et le rôle de son armée modèle de civils – la Force de mobilisation de la résistance bassidj – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

« Si un dictateur pouvait demander à un génie de lui accorder un vœu, ce serait d’avoir une organisation pour neutraliser tous les dangers qui le menacent sans lui coûter grand-chose », déclare Saeid Golkar, professeur de sciences politiques à l’université du Tennessee (UT). « Et les bassidjis, c’est cette organisation-là. »

Qu’est-ce que la Force de mobilisation de la résistance bassidj ?

Dans les écoles, les entreprises, les usines et les quartiers – dans quasiment tous les secteurs de la vie quotidienne des Iraniens – plus de 5 millions de membres de la force bassidj (les bassidjis) se tiennent prêts à défendre l’idéologie du régime islamique contre les dissensions internes et les menaces externes.

Flou artistique sur deux femmes en train de marcher, l'une d'elle tenant un drapeau (© Morteza Nikoubazl/Reuters)
Des membres de la milice bassidj à Téhéran, le 18 avril 2009. (© Morteza Nikoubazl/Reuters)

En contrepartie, les bassidjis bénéficient d’avantages de la part du gouvernement, tels des rabais sur les soins médicaux et le logement, l’accès à des emplois et l’admission à l’université.

M. Golkar qualifie la force bassidj iranienne d’« organisation administrative massive et militarisée dont tout le monde peut faire partie, qu’on soit étudiant ou médecin ». « Elle est ancrée dans toutes les couches de la société iranienne », ajoute-t-il.

Ses membres se portent volontaires pour endoctriner les habitants en leur inculquant les normes et les valeurs du régime, explique le professeur. Les bassidjis s’érigent en représentants de la police de moralité, sillonnant les rues pour s’assurer que les femmes respectent le code vestimentaire strict.

Étant une force paramilitaire, les bassidjis sont souvent appelés à faire le sale boulot du gouvernement. Par exemple, ils peuvent s’en prendre aux manifestants, comme ils l’ont fait lors des soulèvements populaires de 2009 et 2019.

Exporter le modèle

Les bassidjis recrutent des écoliers dès l’âge de 12 ans pour en faire des combattants du Corps des gardes de la révolution islamique (la force Al-Qods) et les déployer en Syrie. En 2012, indique M. Golkar, le Corps des gardiens de la Révolution islamique a organisé en Syrie une force de défense nationale de plus de 14 000 membres formés sur le modèle des bassidjis. On en comptait 100 000 en 2014, et ils sont encore plus nombreux aujourd’hui.

Ahmad Majidyar, du Middle East Institute, rapporte que le Corps des gardiens de la révolution islamique applique également le modèle bassidj « pour mobiliser les chiites afghans, pakistanais, irakiens et libanais, et les amener à défendre les intérêts de l’Iran dans le monde arabe ».

Selon lui, le Corps des gardiens de la révolution s’est même employé à former des militants pour créer une force apparentée aux bassidjis dans plusieurs pays d’Amérique latine.

 

Mise à jour d’un article publié le 18 octobre 2018.