Afrique de l’Ouest. XVe siècle. Malika, enfant prodige devenue reine et capitaine d’armée, s’efforce de maintenir la paix au sein de son royaume d’Azzaz. Mais des ennemis acharnés cherchent à la déstabiliser à tout prix.
Femme, noire, agile de l’épée, Malika est le dernier personnage créé par Roye Okupe, un animateur-graphiste-scénariste basé près de Washington. Pourquoi créer une héroïne féminine et noire ?

« Je pense qu’on a tous besoin, surtout les petites filles, qu’une reine forte et puissante – et je ne parle que de sa force physique – soit représentée. (…) Aujourd’hui, avec Jessica Jones sur Netflix et Supergirl à la télé, les gens commencent à apprécier l’idée d’une femme super-héroïne. Mais on en trouve encore très peu, et encore moins qui soient noires et africaines », explique-t-il.
La BD Malika est un mélange de fantastique et d’histoire de l’Afrique. Roye dit s’être inspiré directement de la légende de la princesse Amina de Zaria, appelée aussi « la reine guerrière », de Zazzau, au Nigeria.
Lui-même Nigérian, Roye Okupe est arrivé aux États-Unis en 2002, à l’âge de 17 ans. Il a lancé l’entreprise YouNeek Studios* en 2012. Sa spécialité : les super-héros africains.
« J’ai toujours rêvé de créer un super-héros du Nigeria, où je suis né et j’ai grandi. Et je voulais faire quelque chose qui soit une source d’inspiration pour mon pays et mon continent. Quand les gens regardent mes personnages, E.X.O., Malika, Fury, WindMaker, je veux qu’ils voient une autre facette de l’Afrique, celle qui n’est pas souvent montrée dans les médias », indique-t-il.

Roye Okupe lui-même est une source d’inspiration. Jeune entrepreneur, il est parvenu à financer ses BD E.X.O. The Legend of Wale Williams grâce à des campagnes de financement participatif sur kickstarter. Sa dernière campagne lancée en octobre 2016, pour la production de Malika: Warrior Queen, est aussi un succès.
« Le crowdfunding, c’est dur. C’est un boulot à plein temps. Pour réussir, je vous conseille de chercher des gens qui ont des produits comme le vôtre et voir comment ils ont réussi, comment d’autres ont échoué, et d’en tirer des leçons », conseille-t-il*.
Roye travaille également comme web designer et graphiste indépendant. Une activité qui lui permet de compléter son budget pour la création des BD. Sa recette pour réussir, « c’est de travailler dur. Plus dur que tout le monde. Je ne suis pas le plus doué dans ce secteur. En fait, j’en suis loin ! Mais on a tous 24 heures dans une journée. Et j’ai décidé que mon but, c’est d’en faire plus que tout le monde, tous les jours », confie-t-il.

Aux États-Unis, d’autres super-héros noirs* ont fait rêver des générations de lecteurs. T’Challa, alias Black Panther, Africain lui aussi, est considéré comme l’un des premiers. Il fait son apparition en 1966 dans Fantastic Four #52, de Marvel Comics. D’autres, Afro-Américains, lui emboîteront le pas : Storm, de Marvel, Green Lantern, de DC Comics, Quantum, de Valiant Comics, etc. Certains reviennent même à la mode, comme le justicier Luke Cage, créé par Marvel en 1972 et qui cartonne actuellement dans sa propre série sur Netflix. Le marché n’est donc pas nouveau, mais Roye Okupe pense y avoir trouvé un créneau.
« Je crois qu’avoir des héros qui évoluent dans un contexte et d’un point de vue africain, cela apporte quelque chose de neuf au genre. Ces personnages pensent différemment, ils comprennent les choses différemment, ils ont des problèmes différents et des ennemis qui se comportent différemment », souligne-t-il.
La pop culture est-elle prête à accueillir davantage de diversité ? Roye Okupe l’espère bien. Après tout, ce qui attire chez un super-héros, c’est surtout sa personnalité et la cause pour laquelle il se bat. Les lecteurs s’identifieront-ils au combat de Malika ? Réponse en juin 2017, date de sortie de la BD.
*en anglais