
La hausse des coûts de l’énergie, le changement climatique, la COVID-19 et les conflits mondiaux attisent la crise alimentaire, en particulier en Afrique, a déclaré Mme Linda Thomas-Greenfield, la représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies, le 5 août.
C’est ce qui a amené le président Biden à annoncer, en juin, un apport de 2,76 milliards de dollars* destiné à aider à protéger les populations les plus vulnérables du monde et à atténuer les effets de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition croissantes.
« Le moment est venu de nourrir l’avenir, de transformer le Ghana et d’autres pays africains en en faisant des greniers à blé », a déclaré l’ambassadrice en déplacement à Accra, la capitale et la plus grande ville du Ghana.
Une personne sur cinq en Afrique est sous-alimentée, a-t-elle noté. Rien que dans la Corne de l’Afrique, jusqu’à 20 millions de personnes risquent de souffrir de la faim.

« Nous ne pouvons pas nous contenter de fournir de la nourriture à ceux qui ont faim – encore que cela soit extrêmement important, a-t-elle souligné. Nous devons également nous pencher sur ce qui cause cette faim, sur ce qui est à l’origine de l’insécurité alimentaire en premier lieu. »
Les 3 C : climat, COVID-19 et conflit
Le changement climatique : La productivité agricole en Afrique a diminué d’un tiers au cours des 30 dernières années à cause du changement climatique, a-t-elle fait observer. Au Ghana, l’augmentation de la température de l’eau entraîne une baisse des prises de poissons, une source importante de revenus et de nourriture. En Somalie, où 2,3 millions de personnes sont à la limite de la famine, 700 000 chameaux, chèvres, moutons et bovins sont morts début 2022 de causes liées à la sécheresse.
COVID-19 : Avant la pandémie, 100 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire. Trois ans plus tard, ce chiffre est passé à plus de 190 millions de personnes, indique Mme Thomas-Greenfield. La COVID a perturbé les marchés du travail dont dépendent les agriculteurs et a bouleversé les chaînes d’approvisionnement, ce qui complique l’acheminement des aliments vers les marchés.
Conflit : La violence en République démocratique du Congo et en République centrafricaine a forcé les gens à quitter leurs foyers, déplaçant des millions de personnes. L’invasion massive de l’Ukraine par la Russie et le blocus de ses ports contribuent également à la crise alimentaire. Ces deux pays fournissent à l’Afrique 40 % de son approvisionnement en blé. Le pourcentage est encore plus élevé en ce qui concerne l’Érythrée, la Somalie et Madagascar, rapporte l’Organisation des Nations unies.

Mme Thomas-Greenfield estime que la crise de la sécurité alimentaire pourrait avoir pour effet d’accroître les investissements dans les ressources, l’infrastructure et les relations dont le Ghana et d’autres pays africains ont besoin pour être leur propre grenier à blé.
Elle a ajouté que le gouvernement des États-Unis continuerait de soutenir les entreprises agroalimentaires en Afrique. Récemment, le soutien des États-Unis a permis à plus de 638 000 petits exploitants agricoles du Ghana de s’adapter à la flambée des prix en les aidant à utiliser des sources d’engrais locales.
La veille, l’ambassadrice avait visité une minoterie en Ouganda qui bénéficie d’un soutien des États-Unis. Mme Thomas-Greenfield a annoncé l’octroi de 20 millions de dollars supplémentaires* pour aider l’Ouganda à accroître ses investissements dans les engrais, les céréales et d’autres cultures. Les États-Unis collaborent également avec des partenaires internationaux pour nourrir les réfugiés en Ouganda.
« Nous voulons voir une Afrique qui subvient aux besoins de l’Afrique, une Afrique autonome en matière d’approvisionnements alimentaires et dans laquelle la paix apporte du pain sucré, des chapatis, de l’injera et du riz Jollof que vous pourrez partager avec le monde entier », a souligné la diplomate.
Les États-Unis sont au rendez-vous
En mai, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et une réunion ministérielle dont l’objet était de lancer un appel à une action collective face à la crise alimentaire.
Au cours de cette réunion, les pays sont convenus de créer une « feuille de route mondiale* » qui les engage à prendre des mesures concrètes pour fournir de la nourriture aux personnes qui en ont besoin dans le monde. Une centaine de pays l’ont signée.
Par ailleurs, Mme Thomas-Greenfield a annoncé l’octroi de plus de 127 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire pour l’Afrique, afin de venir en aide aux réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux personnes déplacées sur l’ensemble du continent. Cette somme s’ajoute au supplément de près de 1,3 milliard de dollars* que l’USAID a alloué à la Corne de l’Afrique au titre de l’aide humanitaire et de l’aide au développement. Depuis le début de l’année budgétaire en cours, a-t-elle résumé, les États-Unis ont ainsi accordé à l’Afrique une aide humanitaire à hauteur d’environ 6,6 milliards de dollars.
« Aujourd’hui, la crise de la sécurité alimentaire montre on ne peut plus clairement qu’il est urgent d’agir, a plaidé Mme Thomas-Greenfield. Le moment est venu de travailler ensemble, entre gouvernements, entre pays, entre individus, pour en finir avec la faim. »
*en anglais