Pénurie de lait infantile aux USA : des partenariats internationaux à la rescousse

Cela faisait des années que Kristy Carr voulait exporter son lait pour bébé, de la marque Bubs Australia, aux États-Unis. Le moment venu, tout s’est passé très vite.

Les approvisionnements en lait infantile ayant chuté cette année, les stocks aux États-Unis avaient, en date du mois de mai, diminué de près de moitié*. Le moment était donc propice pour que l’entrepreneure australienne fasse parvenir ses boîtes de lait maternisé dans les rayons des magasins américains. Son partenaire dans l’affaire : le gouvernement américain.

En quelques semaines, et avec l’aide de plusieurs organismes publics, sa société en a livré suffisamment pour remplir plus de 4,6 millions de biberons.

Opération « Fly Formula »

Un pont aérien pour acheminer la précieuse marchandise (formula, lait pour bébés en anglais) a été mis en place. L’opération en question recouvre aussi les démarches que l’entreprise de Krista Carr a accomplies à la vitesse grand V auprès d’agences gouvernementales américaines, les employés étant amenés à travailler nuit et jour en raison de la différence de fuseaux horaires, et parfois même à dormir sur des matelas gonflables. À la mi-août, « Fly Formula » avait permis de livrer suffisamment de lait maternisé sain et nutritif pour remplir plus de 69 millions de biberons* grâce aux importations en provenance de plus d’une demi-douzaine de pays.

« Tout le monde aux États-Unis et en Australie travaillait jour et nuit pour tenir le pari », raconte la cheffe d’entreprise à propos des premières livraisons de lait maternisé de Bubs Australia aux États-Unis. « C’était vraiment constructif de voir le gouvernement et l’industrie faire cause commune dans le seul but de résoudre des problèmes. »

Comme d’autres, Madame Carr considère que le succès de l’opération est un modèle de collaboration nécessaire pour surmonter les goulets d’étranglement et les problèmes d’approvisionnement en biens et produits essentiels auxquels les industries du monde entier sont en butte.

Les 19 et 20 juillet, les départements d’État et du Commerce des États-Unis ont organisé un forum ministériel sur la chaîne d’approvisionnement, au cours duquel les représentants de plus de 18 économies se sont engagés à renforcer les chaînes d’approvisionnement mondiales. Madame Carr, qui y a participé, a pu constater que les entreprises de tous les pays et de tous les secteurs se heurtaient à des difficultés similaires, face à des chaînes d’approvisionnement volatiles et incertaines.

Les représentants des gouvernements, des entreprises, des syndicats et des communautés défavorisées qui ont assisté au forum se sont engagés à remédier ensemble aux pénuries actuelles et à mettre en place des chaînes d’approvisionnement transparentes, diversifiées, sûres et respectueuses des normes environnementales et de travail*.

La réputation de l’Australie en matière de sécurité alimentaire et le contrôle rigoureux que Bubs exerce sur ses chaînes d’approvisionnement font que l’entreprise est bien adaptée aux marchés américains, estime Madame Carr. Et comme Bubs exportait déjà du lait de croissance aux États-Unis, l’entreprise était au courant de la réglementation très stricte de l’Administration des produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) en matière de santé et de sécurité.

Des militaires utilisant un chariot élévateur pour décharger des palettes d’un avion (© Michael Conroy/AP Images)
Des militaires américains déchargent du lait maternisé de Nestlé, l’un des participants à l’opération « Fly Formula », à l’aéroport international d’Indianapolis, le 22 mai. (© Michael Conroy/AP Images)

En mai, la FDA a publié des directives* à l’intention des fabricants de lait infantile concernant les exportations aux États-Unis. Bubs lui a fourni les informations nutritionnelles requises et a accéléré la production pour la porter à 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ses premiers envois de lait maternisé sont arrivés aux États-Unis la deuxième semaine de juin. Les agences américaines ont loué des avions et ont pris leurs dispositions pour que des camions soient sur le tarmac, prêts à livrer la marchandise aux principaux détaillants.

Par ailleurs, la FDA a accordé des autorisations d’exportation à des producteurs d’Angleterre, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Suisse, de Singapour, de Nouvelle-Zélande et du Mexique. Ces importations devraient permettre d’apporter 16 000 tonnes supplémentaires de lait maternisé, soit une quantité suffisante pour remplir plus de 524 million de biberons* d’ici la fin novembre.

Madame Carr se réjouit que la coopération internationale ait permis d’accélérer la procédure : des démarches qui auraient pu prendre des mois ou des années ont été réglées en quelques semaines seulement. « Le plus gratifiant, c’était que tout le monde, de tous les côtés – gouvernement, fabricants, détaillants et transporteurs – avait à cœur de résoudre le problème », s’émeut-elle.

 

*en anglais