Lancé il y a 60 ans, le programme Art dans les ambassades (Art in Embassies, AIE) a toujours la cote.

Par son truchement, des œuvres d’artistes américains célèbres font maintenant partie de la décoration d’ambassades des États-Unis, et des expositions font le tour du monde*. Dans de nombreux endroits, des artistes américains collaborent également avec leurs confrères du pays pour créer de nouvelles œuvres qui sont exposées dans des ambassades et des consulats des États-Unis partout dans le monde.

Un homme sur une nacelle en train d’installer les éléments d’une œuvre d’art sur un mur extérieur (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Installation de Beijing Panels (2005), une sculpture en aluminium d’Ellsworth Kelly, à l’ambassade des États-Unis à Pékin. (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

L’AIE est largement soutenu par la Foundation for Art and Preservation in Embassies (FAPE), un organisme à but non lucratif fondé en 1986.

« Nous voulions créer un programme pour faire venir des œuvres d’art dans les ambassades et pour qu’elles y restent », explique Robert Storr, expert en art, artiste et président de la fondation, lors d’une récente réception en l’honneur du don d’une œuvre de l’artiste de pop art américain Roy Lichtenstein.

Un homme sur un escabeau, devant une fresque (© Propriété de Roy Lichtenstein. Photo © Michael Abramson)
Roy Lichtenstein devant sa fresque Greene Street Mural dans la galerie de Leo Castelli, à New York, en 1983. (© Propriété de Roy Lichtenstein. Photo © Michael Abramson)

Une reproduction de la fresque Greene Street Mural (1983) de Lichtenstein, offerte par sa veuve Dorothy, sera bientôt installée à demeure à Mexico. L’original avait été intentionnellement détruit à la clôture de son exposition à la galerie Castelli, à New York, en 1983. La reproduction a été recréée à partir de photos et de dessins de l’artiste. La fresque représente les aspects mondains de la vie américaine dans le style coloré typique de Lichtenstein, et inspiré du monde de la bande dessinée. « On se laisse entraîner très facilement dans cette fresque. Si on regarde d’un côté puis de l’autre, ça ne s’arrête jamais », explique Robert Storr.

Photo en noir et blanc d’un paysage de montagne (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Ce tirage argentique de 1970 d’Ansel Adams de Clearing Winter Storm, Yosemite, California (1944) est exposé à l’ambassade des États-Unis à Erevan, en Arménie. (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

Des œuvres d’art originales, des tableaux et des photographies décorent également les ambassades des États-Unis. Parmi les artistes exposés, on trouve, entre autres, les photographes Ansel Adams et Cindy Sherman, les peintres et graveurs Josef Albers, Elizabeth Catlett, Jasper Johns et Frank Stella, les architectes et sculptrices Maya Lin et Louise Bourgeois ainsi que des couturières afro-américaines de Gee’s Bend (Alabama) spécialisées dans la confection de courtepointes en patchwork.

Tableau d’un Amérindien assis (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Le tableau Another Deco Indian (1979), par Fritz Sholder, est exposé à l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince (Haïti). (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

Le but de l’AIE, ajoute Robert Storr, est de présenter des œuvres d’art « qui, d’une certaine façon particulière à l’artiste, représentent le caractère emblématique de l’Amérique ».

La FAPE a fait don à ce programme d’œuvres réalisées par plus de 200 artistes ; elles sont exposées à titre permanent dans plus de 140 pays.

Un tableau d’art abstrait avec deux hommes en train de se parler (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Carolina Blue, un collage par Romare Bearen, est exposé à l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince (Haïti). (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

Qui plus est, ces dix dernières années, une centaine d’artistes se sont rendus à l’étranger pour collaborer avec des homologues dans le cadre de programmes d’échanges. Des milliers d’artistes à travers le monde ont profité de ces activités, qui font aussi intervenir des musées, des galeries d’art, des universités et des collectionneurs privés dans ce partenariat public-privé.

Des rencontres ont été organisées dans 189 pays. Environ 60 expositions par an sont préparées par des conservateurs et envoyées à l’étranger. Et depuis 2000, presque autant de collections permanentes ont été installées dans des locaux diplomatiques américains.

Des sculptures de pierre terre de sienne (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Mkusanyiko wa Marafiki/Assembly of Friends (2002), par Elyn Zimmerman, une sculpture en granite rouge, figure dans la cour de l’ambassade des États-Unis à Dar-es-Salam (Tanzanie) (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

Le programme contribue également à la restauration de structures historiques dans les pays d’accueil – et aussi parfois de leur contenu. C’est le cas du palais Petschek, à Prague, dont les meubles, les porcelaines, les cristaux et d’autres objets ont été estimés. Les travaux à Petschek ont été le point de départ d’un partenariat avec la maison de ventes aux enchères Sotheby’s. Celle-ci continue d’offrir à titre gracieux des services d’estimation des œuvres d’art et autres dans les installations du département d’État à l’étranger.

D’autres projets de restauration ont inclus la rénovation de la résidence à l’ambassade des États-Unis à Beijing, et celle de Winfiel House, la résidence officielle de l’ambassadeur des États-Unis auprès de la Cour de St James à Londres.

Dessin abstrait sur tissu, en bleu, vert, jaune et noir (Avec l’aimable autorisation de FAPE)
Cette image, Still have Joy/Tears of Pride (2007), d’un quilt par Louisiana Bendolph, fait partie de la collection Gee’s Bend. Celle-ci est constituée d’œuvres d’art et d’artisanat d’une communauté afro-américaine de l’Alabama dont plusieurs sont exposées dans différents locaux diplomatiques des États-Unis en Inde et au Pakistan. (Avec l’aimable autorisation de FAPE)

Le programme a permis aussi de sauver des œuvres d’art. Une rare tapisserie flamande du XVIe siècle a été restaurée et préservée à l’ambassade des États-Unis à Vienne. Et la résidence de l’ambassadeur des États-Unis à Bruxelles abrite un paravent en laque Coromandel de Chine, du XVIIIe siècle, qui a été conservé grâce à « Art in Embassies ».

« On n’a pas besoin de connaître l’anglais. On n’a pas besoin de connaître l’espagnol. On n’a pas besoin de connaître quelque langue que ce soit. On doit seulement connaître le langage visuel », souligne Robert Storr.

 

*en anglais