Pour défendre la liberté religieuse, abrogez ces lois

Dans beaucoup de pays, la liberté de culte se porte bien, et la population peut pratiquer en toute liberté ses religions et ses croyances.

Mais aussi choquant que cela puisse paraître, un pays sur quatre applique des lois qui condamnent à des peines de prison, voire à mort, des personnes accusées de blasphème. Autrement dit, des personnes dont les paroles ou les actes sont jugés outrageants pour Dieu ou pour des objets, des coutumes ou des croyances à caractère religieux.

Prenez les exemples suivants :

  • En Afghanistan, une aide-enseignante a été battue à mort devant un sanctuaire à Kaboul par une foule qui l’accusait d’avoir brûlé un Coran.
  • En Inde, 500 villageois hindous s’en sont pris à une petite communauté chrétienne, menaçant de la chasser du village quand ses membres ont refusé de répudier leur foi.
  • En Indonésie, un tribunal a condamné à la prison les membres d’une petite communauté religieuse accusés de prêcher des enseignements contraires à l’islam, la religion majoritaire du pays.

Séparés par des milliers de kilomètres, ces faits divers ont tous la même cause : des accusations de blasphème qui mènent à la prison ou à la peine capitale. L’apostasie, le fait d’abandonner ou de renier une croyance religieuse ou politique, peut aussi conduire à des peines très sévères.

Le Rapport 2015 sur la liberté de religion dans le monde montre comment les lois sur le blasphème étouffent la liberté d’expression dans le quart des pays du monde. Si la liberté de religion est bien établie dans le reste du monde, le fait est qu’une forte majorité de la population mondiale vit dans des endroits où pratiquer sa foi, si elle va à l’encontre de la religion principale, peut entraîner des persécutions.

« Nous demandons instamment aux pays qui ont [des lois sur le blasphème] de les abroger », déclare David Saperstein, l’ambassadeur itinérant pour la liberté de religion dans le monde. L’an dernier, l’Islande en a annulé une qui n’était plus appliquée. La Grande-Bretagne en avait fait autant en 2008.

Dans les pays où ces lois continuent d’être appliquées, une accusation de blasphème peut conduire à l’arrestation de la personne mise en cause, ce qui perturbe forcément sa vie personnelle et professionnelle. L’ambassadeur Saperstein donne cet exemple : « Quelqu’un mêlé à une querelle d’affaires accuse de blasphème l’une des autres parties, sachant pertinemment que la personne en souffrira les conséquences, d’une façon ou d’une autre, que ce soit sur le plan juridique ou parce que leur vie sera profondément bouleversée, y compris en raison du danger associé à de telles accusations. »

Il est temps d’abolir les lois sur le blasphème qui entravent la liberté de religion et les droits humains. Lisez mon blog (en anglais).

Les accusations de blasphème sont souvent à l’origine d’actes de violence collective, comme dans le cas de l’aide-enseignante en Afghanistan. Le président afghan Ashraf Ghani avait immédiatement condamné ce meurtre, et des attaquants avaient été traduits en justice et reconnus coupables. David Saperstein se félicite de cette réponse énergique, un comportement nécessaire « pour mettre fin au climat d’impunité qui donne aux gens l’impression de pouvoir agir à leur guise sans jamais être sanctionnés », estime-t-il.

Dans sa déclaration accompagnant le rapport, l’ambassadeur Saperstein relève des exemples prometteurs, tel le cas des dignitaires musulmans à Lahore qui se sont intercalés entre une foule en colère et des chrétiens pakistanais accusés de blasphème. Ces situations, tout comme la résilience des croyants qu’il a rencontrés, lui donnent espoir pour l’avenir, a-t-il souligné.

« Je me suis rendu dans 25 pays, et beaucoup d’entre eux imposent des restrictions importantes sur la liberté de religion, précise l’ambassadeur. Ceci dit, les églises, les pagodes et mosquées sont pleines de gens et de jeunes familles. C’est une telle inspiration que de voir la détermination des gens à vivre leur vie religieuse, même face à des menaces de discrimination ou de persécution. »