Pourquoi ? Parce que ce sont eux qui ouvrent la course à la nomination du porte-flambeau des partis républicain et démocrate dont le nom figurera sur les bulletins de vote à l’élection générale du 3 novembre. (Les candidats indépendants et ceux qui représentent d’autres partis politiques suivent, eux, une procédure à part.)
Bains de foule dans les foires d’État pour serrer la main des électeurs, arrêts dans des petits restos qui ne paient pas de mine : les candidats multiplient les occasions de se mettre à la portée des gens, à un degré généralement inégalé pendant le cycle électoral. Les partisans du système affirment que ce travail de terrain permet aux candidats d’être à l’écoute de ce que veut vraiment le pays.
Avant que les partis ne désignent leur candidat…
Chaque parti tiendra une convention d’investiture cet été pour nommer officiellement son candidat. Y participent les délégués qui auront été sélectionnés dans les 50 États, le District de Columbia et les cinq territoires des États-Unis, les États les plus peuplés ayant droit à un plus grande nombre de délégués.
Certains États (l’Iowa, par exemple) choisissent ces délégués — autrement dit, les électeurs de la convention — en organisant des caucus. D’autres (tel le New Hampshire) optent pour une élection primaire.
Qu’est-ce qu’un caucus ?
Un caucus est une procédure électorale dans le cadre de laquelle les militants d’un parti donné se réunissent dans une bibliothèque, une école, chez un voisin… Chacun plaide la cause de son candidat préféré. Au fil de la réunion, les candidats moins populaires sont éliminés. Leurs partisans sont alors courtisés par ceux qui soutiennent d’autres candidats. C’est comme ça qu’on a longtemps choisi les délégués à la convention d’investiture, mais le nombre d’États qui optent pour cette formule a nettement diminué.

Qu’est-ce qu’une primaire ?
La plupart des États organisent aujourd’hui des élections primaires, c’est-à-dire des scrutins à bulletin secret organisés par l’État. Chaque État fixe ses règles et décide qui a le droit de voter. (Dans certains États, les primaires sont organisées par les partis.) Quand les primaires sont ouvertes, toutes les personnes inscrites sur les listes électorales peuvent voter, sans condition d’appartenance à un parti. Dans le cas des primaires fermées, seuls les électeurs qui ont choisi un parti donné quand ils se sont inscrits peuvent voter pour la liste du parti en question. Certains États autorisent les électeurs non affiliés (indépendants) à voter avec les adhérents du parti de leur choix lors d’une primaire.
Donald Green, professeur de sciences politiques à Columbia University, fait remarquer que les caucus et les primaires ont tendance à attirer des électeurs engagés, plus conservateurs que la moyenne chez les républicains, et plus libéraux que la moyenne chez les démocrates. « L’un des soucis au sujet du système des primaires, c’est que les électeurs ont tendance à être des militants et plus engagés idéologiquement », explique-t-il.
Qui va aux conventions d’investiture ?
Les résultats des primaires servent à sélectionner les délégués aux conventions d’investiture. Dans les primaires démocratiques, c’est le principe de la proportionnelle qui s’applique. Ainsi, dans le cas d’un État qui a 10 délégués à envoyer à la convention, un candidat qui a remporté 40 % des voix obtiendra 4 délégués, et ainsi de suite. Du côté républicain, certains États adoptent aussi le mode de la proportionnelle, mais d’autres optent pour diverses formules, comme celle du « winner-take-all », où le candidat qui recueille le plus de voix rafle tous les délégués.
Si les petits États envoient moins de délégués à la convention nationale d’investiture, pourquoi les candidats passent-ils autant de temps dans l’Iowa et le New Hampshire — notoires pour leurs populations d’élans et leurs tempêtes de neige ? (Un candidat, le sénateur démocrate Chris Dodd, a même fait venir sa famille à Des Moines et inscrit sa fille à la maternelle dans la capitale de l’Iowa avant l’élection de 2008.)
L’Iowa ouvre le bal. Étape suivante : le New Hampshire

Ces États sont importants parce qu’ils sont les premiers à organiser, l’un, des caucus, l’autre, des primaires, donnant ainsi le coup d’envoi de la course à la Maison Blanche. L’Iowa tiendra ses caucus le 3 février, et la date des primaires du New Hampshire a été fixée au 11 février. Les gagnants bénéficient de l’attention des médias, du soutien de donateurs financiers et de la réputation de candidat favori, ce qui peut influencer les électeurs qui participeront aux consultations populaires à venir dans les autres États.
Les critiques du système trouvent injuste que ces deux États aient autant d’influence tous les quatre ans. Aucun n’étant typique du reste du pays, ils ne reflètent pas l’ensemble de l’électorat. Ils sont moins diversifiés sur le plan ethnique et racial, et l’âge médian de la population du New Hampshire est supérieur à celui de l’ensemble du pays.
À ces arguments, on rétorque que les électeurs de l’Iowa et du New Hampshire prennent néanmoins leurs responsabilités très au sérieux. Ils suivent la campagne de près et assistent aux meetings de candidats divers pour se familiariser avec leurs idées.
Autrefois, le suspense régnait dans les conventions d’investiture, le porte-flambeau du parti étant souvent désigné à l’issue de tractations négociées en coulisses. Maintenant que les États sont nombreux à organiser leurs consultations populaires dans les premiers temps de la course à l’investiture, le candidat présomptif est généralement connu beaucoup plus tôt.