La tension et l’excitation étaient palpables chez les participants au concours Pan-African Robotics Competition (PARC)*, au Sénégal. Fin mai, 200 collégiens et lycéens ont suivi un atelier de quatre jours, pendant lequel ils ont appris à construire des robots. Ils ont ensuite présenté à un jury le fruit de leur invention : une solution technologique pour améliorer l’agriculture, thème de la compétition cette année.

Un groupe de jeunes habillés de la même manière, rassemblés autour d’un support sur lequel circule un robot. (@EliseFitteDuval)
Les participants au concours PARC commandent à distance les robots qu’ils ont construits. (@EliseFitteDuval)

« Les projets étaient très variés, explique l’organisateur du concours Sidy Ndao. Une équipe a créé, par exemple, des capteurs à installer autour des champs pour empêcher les oiseaux de manger les récoltes. Une autre équipe a converti de la biomasse et de l’énergie solaire en électricité pour répondre aux besoins électriques de base à la ferme. »

Des solutions concrètes comme celles-ci, c’est justement ce que veut promouvoir Sidy Ndao. Émigré à 16 ans aux États-Unis, le Sénégalais y a suivi des études d’ingénierie jusqu’au doctorat. Il a créé l’organisation SenÉcole dans le but de développer l’enseignement des STEM (sciences, technologie, ingénierie et maths) en Afrique.

Sidy Ndao montre quelque chose sur un ordinateur à un groupe de filles. (@EliseFitteDuval)
Sidy Ndao, l’organisateur du concours PARC, encourage les jeunes, notamment les filles, à étudier dans les filières STEM pour apporter des solutions aux problèmes du continent africain, tel le manque d’infrastructures.

« Dans les pays africains, on enseigne les maths, la physique, les sciences, sans les mettre en contexte. Aussi, l’apprentissage est très passif. Et enfin, il n’y a pas d’équipements de pointe pour permettre aux élèves d’apprendre et d’être compétitifs au 21e siècle, constate-t-il. Par le biais de cette compétition, on veut montrer aux élèves le lien entre ce qu’ils apprennent en classe et les problèmes réels. »

Aujourd’hui professeur à l’Université Nebraska-Lincoln aux États-Unis, Sidy Ndao a lancé plusieurs initiatives pour motiver les jeunes Africains, et notamment les filles, à faire des études dans les filières STEM. Ses efforts, à l’image du concours PARC, semblent porter leurs fruits.

« Ça m’a permis de m’intéresser davantage aux problèmes auxquels est confronté mon pays, et ça a encouragé mon désir d’y remédier par l’intermédiaire de la science », explique Fatim Thiam, une élève en terminale à la Maison d’Éducation Mariama Ba de Gorée, à Dakar, qui a participé au concours. « C’est également par le biais de cette compétition que j’ai compris que des métiers comme la mécatronique, l’informatique et en général l’ingénierie ne sont pas inaccessibles aux femmes », ajoute-t-elle.

Un groupe de filles assises à une table sur laquelle est posé un robot. (Photo offerte)
Fatim Thiam (à gauche) dit avoir « appris plein de choses » lors du concours PARC, « notamment la mise en pratique de concepts de la mécanique, la programmation, le travail en groupe, et l’esprit de solidarité et d’écoute. » (Photo offerte)

Aux États-Unis, le gouvernement mise aussi sur l’éducation STEM pour relever les défis de l’avenir. « La science est très importante pour le progrès de notre pays », a déclaré Barack Obama lors d’une cérémonie de remise de prix scientifiques. « Ce sont les sciences, les maths, l’ingénierie qui vont porter l’esprit novateur de l’Amérique au 21e siècle et au-delà. »

Preuve de son attachement à la science, le président américain accueille chaque année les jeunes innovateurs les plus brillants à la Maison Blanche. Et ses récentes propositions budgétaires ne prévoient pas moins de 3 milliards de dollars aux programmes éducatifs concentrés sur les matières STEM, et 4 milliards de dollars à l’enseignement de l’informatique à tous les élèves.

Un garçon et une fille tiennent une pièce détachée d’un robot. (@EliseFitteDuval)
Les filles, tout autant que les garçons, peuvent réussir dans la filière STEM (sciences, technologie, ingénierie et maths). (@EliseFitteDuval)

Pour Sidy Ndao, développer les STEM en Afrique est devenu une affaire personnelle. À 33 ans, il est marié, père de famille, avec une carrière prometteuse aux États-Unis, mais cela ne lui suffit pas. « Je ne peux pas parler de réussite tant que des gens autour de moi n’ont pas un confort de vie minimum, affirme-t-il. Pour moi, la réussite se définit par l’impact qu’on a sur la vie des gens, par la manière dont on met son propre succès à profit pour les aider. »

Fatim aussi espère bien réussir et contribuer au succès de son pays. « Je veux devenir ingénieure géomaticienne, dit-elle, et appliquer mes études à l’agriculture et à l’économie dans le but de développer mon continent en général et mon pays en particulier. »

 

*en anglais