Près de trois Américains adultes sur quatre ont été témoins d’actes de harcèlement sur Internet, et quatre sur dix en ont été victimes, soit au travers d’insultes, de menaces physiques, voire d’une traque incessante, selon le Pew Research Center.

Les coupables : les trolls, principalement. Le Guardian* explique que ce qui était autrefois une créature mythologique solitaire est aujourd’hui un individu « qui cherche obstinément à perturber le discours rationnel en recourant à la cruauté gratuite, à la provocation, au harcèlement ou même aux menaces de violence ».

Les commentaires agressifs sur la Toile peuvent être si destructeurs qu’ils parviennent parfois à modifier entièrement la manière dont un lecteur va interpréter un sujet d’actualité, constate ce groupe de chercheurs*.

Alors quelle approche avoir sur Internet si vous êtes passionné par les médias sociaux, si vous hébergez votre propre site ou si travaillez dans le journalisme ?

Désactivez la fonction « commentaires »

Sur certains sites, tels Facebook, VKontakte et YouTube, vous pouvez bloquer tous les commentaires. Ou vous pouvez renforcer vos paramètres de confidentialité afin que seules les personnes de confiance puissent vous suivre et commenter – c’est le cas sur les trois sites mentionnés plus haut, ainsi que sur Twitter, sur Instagram, le site de partage de photos, et bien d’autres encore.

Suite à un déluge de remarques désagréables, certains médias en ligne ont préféré fermer leurs sections de commentaires. C’est ce que Popular Science a choisi de faire en 2013. « L’effort cynique pour saper la base de la doctrine scientifique se fait à présent au bas de nos propres textes », a expliqué Suzanne LaBarre*.

« Nous préférons investir nos ressources dans le journalisme » plutôt que de consacrer du temps et des efforts considérables à la surveillance des commentaires, a indiqué le National Journal, qui a lui aussi renoncé à son espace « commentaires » sur son site web. Le Daily Beast désactive l’option commentaires sur certains articles très controversés*. De nouveaux médias, tel Vox, ont démarré sans espace réservé aux commentaires, et ils continuent sur cette lancée aujourd’hui.

Interdire les commentaires peut en fait renforcer l’attention du lecteur et générer du trafic sur les sites web, rapporte un expert des statistiques numériques au magazine Atlantic.

Définissez des règles et modérez les commentaires

D’autres médias surveillent leurs sections de commentaires et donnent aux utilisateurs des lignes directrices claires sur le type de commentaires acceptés. Selon la charte de conduite du Huffington Post*, « toute grossièreté, insulte, hostilité, ou propos négatif, peut être supprimé et votre droit de commenter, suspendu ».

Le New York Times a établi une liste des « choses que nous ne tolérerons pas*», qui comprend les attaques personnelles, les obscénités, l’usurpation d’identité, le blasphème et « LES HURLEMENTS ».

Le Guardian encourage ses utilisateurs à modérer les commentaires grâce à une fonction « Signalez un abus ». Le site du Washington Post possède un bouton « Ignorer » qui permet aux lecteurs de ne plus afficher les commentaires d’un utilisateur spécifique.

Certaines publications vont plus loin, tel le Miami Herald, et demandent aux lecteurs de s’inscrire par le biais de leurs comptes sociaux avant de commenter – une façon de lever le voile de l’anonymat dont profitent les auteurs de commentaires malveillants.

Ignorez les trolls

Une autre approche consiste simplement à snober les trolls.

« Les Trolls veulent attirer l’attention. Ils veulent attiser votre colère, votre exaspération ou vous mettre mal à l’aise, écrit l’entrepreneur John Rampton sur Forbes*. Même si c’est difficile, ignorer tout simplement un troll peut [être] la meilleure des tactiques car, sans réponse, les trolls ont tendance à disparaître. »

Dans un sondage du Pew Research Center, 60 % des personnes interrogées disent préférer ignorer le harcèlement en ligne.

Entamez le dialogue avec les trolls

Certains le font avec humour. D’autres avec des faits. Une journaliste a publié un article sur un troll qui tweetait des messages cruels. Pis encore, il le faisait sur un faux compte portant le nom et la photo du père défunt de la journaliste.

« Je lui ai expliqué tristement, franchement, avec colère, à quel point ça faisait mal, à quel point ce troll avait réussi », témoigne Lindy West dans le podcast This American Life*. Le troll lui a présenté des excuses, a fait un don au centre médical où son père avait été soigné et s’est entretenu avec elle au téléphone pendant deux heures. Il lui a révélé comment son propre manque de bonheur et de confiance en lui l’avait amené à la harceler.

« Une communication sincère peut s’établir entre les êtres humains, a-t-elle conclu. J’en ai la preuve ».

 

*en anglais