Qu’est-ce que l’association des correspondants de la Maison Blanche ?

Vous les avez certainement vus à la télé, ces journalistes qui posent des questions aux responsables de la Maison Blanche ou au président des États-Unis à bord d’Air Force One pendant ses voyages. Aujourd’hui, ils sont encore plus nombreux, depuis l’élection de la vice-présidente Kamala Harris. Il faut dire qu’elle est entrée dans l’Histoire en devenant la première femme, et la première personne d’origine jamaïcaine et indienne, à occuper ce poste !

La plupart de ces reporters font partie de l’association des correspondants de la Maison Blanche*. Une organisation qui contribue depuis plus d’un siècle à la transparence des hautes sphères du gouvernement américain en encourageant les journalistes à suivre de près l’actualité des présidents et des vice-présidents.

En vertu du Premier Amendement, la Constitution des États-Unis garantit la liberté de la presse, pierre angulaire de la démocratie américaine. Et l’une des manières dont les journalistes exercent cette liberté est de rapporter tout ce qui se passe à la Maison Blanche.

Détail essentiel : l’association et les 400 membres qui recueillent des informations pour la télé, la presse écrite, la radio et internet travaillent en toute indépendance de la Maison Blanche. Les membres recueillent des infos pour des organes de presse basés aux États-Unis et sur tous les continents (excepté l’Antarctique).

La diversité géographique des journalistes qui participent aux briefings quotidiens de la Maison Blanche représente « un exemple formidable du pouvoir de la liberté de la presse en Amérique », se félicite Steven Thomma, directeur exécutif et ancien président de l’association.

Qui sont-ils ?

Le corps des journalistes qui couvrent régulièrement la Maison Blanche a créé l’association en 1914 dans le but d’empêcher l’arrêt des briefings par le président Woodrow Wilson, indique le site de l’association. Wilson avait menacé de mettre fin à ces points-presse après que des journaux avaient publié des commentaires qu’il considérait comme confidentiels.

Une fois créée, la première chose entreprise par l’association a été de faire en sorte que seuls les journalistes munis d’une accréditation participent aux briefings. Avant cela, les pronostiqueurs boursiers s’y rendaient régulièrement pour tenter de réaliser des gains financiers en interprétant les déclarations des présidents, explique M. Thomma.

Des photographes et des caméramans autour du président Kennedy assis à un bureau. (Robert Knudsen/John F. Kennedy Presidential Library and Museum/NARA)
Au Bureau ovale, le président John F. Kennedy informe les médias lors de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. (Robert Knudsen/John F. Kennedy Presidential Library and Museum/NARA)

Depuis sa naissance, l’association s’emploie à accroître l’accès des médias et à soutenir le travail des reporters. Elle défend ses membres devant la justice si nécessaire. Elle décide également de l’emplacement des sièges attribués aux journalistes dans la salle de presse de la Maison Blanche. En outre, elle organise le « pool » rotatif de journalistes qui accompagnent le président lors de ses déplacements. Composé de 13 à 20 journalistes, le pool est chargé de recueillir des informations distribuées ensuite à tous les organes de presse, explique M. Thomma. « Il existe parce qu’il est impossible de faire tenir le corps de journalistes tout entier composé de plusieurs centaines de personnes à l’intérieur d’Air Force One, tout comme nous ne pouvons pas caser le corps de journalistes entier dans la salle de presse », précise-t-il.

Comment fait-on partie du club ?

Ce n’est pas une obligation de joindre l’association pour couvrir la Maison Blanche, mais la plupart des journalistes chargés de cette tâche le font, indique M. Thomma.

Et il admet qu’à une époque, la gestion des adhésions n’était pas toujours très juste. Au départ, l’association était composée uniquement d’hommes blancs. La première femme à en devenir membre était probablement Cora Rigby, du journal Christian Science Monitor, dans les années 1920, selon les recherches historiques effectuées par l’association.

Le président Truman avec des journalistes prenant des notes (Abbie Rowe/National Park Service via Harry S. Truman Presidential Library and Museum/NARA)
Le président Harry S. Truman s’adresse aux journalistes dans le Bureau ovale en août 1945. (Abbie Rowe/National Park Service via Harry S. Truman Presidential Library and Museum/NARA)

Il faut attendre 1944 pour voir un journaliste noir, Harry S. McAlpin Jr*, de la National Negro Publishers Association, enfin briser les barrières raciales. Il avait été invité par le président Franklin Delano Roosevelt pour couvrir sa conférence de presse dans le Bureau ovale, malgré les refus opposés par l’association. En 2014, l’organisation créera une bourse d’études universitaires baptisée « Harry S. McAlpin, Jr. Scholarship » en l’honneur de McAlpin, et elle lui accordera une adhésion à titre posthume*.

« C’était un immense rappel et une grande admission de nos failles très profondes », confie M. Thomma.

Louis Lautier a succédé à M. McAlpin au poste de correspondant à Washington pour la National Negro Publishers Association. Il est devenu le premier membre noir de l’association des correspondants de la Maison Blanche en 1951, selon les recherches de l’association.

Aujourd’hui, les critères d’adhésion à l’association exigent que la couverture de la Maison Blanche soit la principale activité du journaliste candidat et que celui-ci soit employé par un organe de presse qui diffuse régulièrement des infos liées à l’actualité du président et du vice-président. Le journaliste candidat ou l’organe de presse doivent également être accrédités par le Comité permanent des correspondants du Congrès. Les cinq membres de ce comité sont des journalistes (élus par d’autres journalistes pour un mandat de deux ans), qui octroient des accréditations aux journalistes couvrant le Congrès.

Former les futurs reporters

Depuis 1991, le groupe épaule les journalistes prometteurs en accordant des bourses aux étudiants en journalisme inscrits dans des universités américaines.

Parmi ses trois bourses les plus prestigieuses, l’une est consacrée aux étudiants de Howard University, un établissement historiquement noir.

L’association nationale des journalistes hispanique et l’association des journalistes asiatiques-américains choisissent certains des bénéficiaires des bourses d’études.

Ces bourses permettent aux étudiants d’apprendre à relater l’actualité américaine, notamment sur la politique intérieure, le gouvernement ou la politique étrangère. Riddhi Setty, qui étudie à American University, écrit des articles sur les exclus. Son école et son l’association lui ont récemment accordé une bourse pour l’aider à se spécialiser dans le journalisme d’investigation.

Grâce à cette bourse, elle peut non seulement payer ses frais universitaires mais aussi avoir accès à un mentor : un reporter à la Maison Blanche. « On peut toujours apprendre, dit-elle. Et je suis vraiment ravie d’acquérir davantage de savoir sur un sujet qui me passionne. »

 

* en anglais