
En Iran, des parlementaires ont proposé d’interdire toutes les applications de messagerie étrangères et de les remplacer par des versions iraniennes, sous la coupe du régime.
Des dizaines de législateurs ont signé la proposition du 24 août qui vise à créer un comité chargé d’octroyer des licences et de surveiller les sites de réseaux sociaux iraniens. Ce comité pourrait également imposer des peines allant jusqu’à deux ans de prison à ceux qui enfreindraient les nouvelles règles, rapporte Radio Farda.
Mais tandis que le régime s’efforce de restreindre encore davantage l’accès internet aux Iraniens moyens, beaucoup d’élus haut placés continuent d’utiliser librement les réseaux sociaux américains pour diffuser de la propagande.
Par exemple, le Guide suprême Ali Khamenei possède plusieurs comptes Twitter en langues étrangères. Le 1er septembre, il a publié une série de tweets dans lesquels il accuse l’accord de paix entre les Émirats arabes unis et Israël d’être « une trahison » pour les pays arabes et affirme qu’il « ne durerait pas longtemps ». Depuis lors, Bahreïn a rejoint les Émirats arabes unis et normalisé ses relations avec Israël.
Le président iranien Hassan Rouhani et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif ont également des comptes actifs sur Twitter. Malgré cela, le régime empêche déjà les Iraniens ordinaires d’accéder à Twitter*, Facebook et YouTube.
Cette décision de restreindre davantage l’accès à internet intervient après le verrouillage complet du web ordonné par le régime pour masquer sa répression violente de manifestations dans tout le pays en novembre 2019. Les forces du régime ont tué environ 1 500 personnes et les organisations de défense des droits de l’Homme indiquent que le régime a torturé des protestataires après les manifestations.

Les agences de sécurité et de renseignement du régime iranien mettent en place des filtres qui leur permettent de perturber les connexions internet ou d’en restreindre l’accès. Telegram, l’appli de messagerie la plus répandue dans le pays, est souvent censurée, selon Radio Farda.
Depuis 2005, les responsables iraniens ont dépensé l’équivalent d’au moins 4,5 milliards de dollars pour construire un réseau intranet qui empêcherait les requêtes de données de sortir du pays et permettrait au gouvernement de censurer ce qui est publié. Les représentants du régime ont annoncé récemment un accord avec la Chine pour bâtir cet intranet national*.
La proposition du parlement iranien, baptisée « Organisation de la messagerie par médias sociaux », suggère de créer un comité qui comprendra un représentant du Corps des gardiens de la révolution islamique. Cette entité, qui répond directement aux ordres de Khamenei, a été désignée comme une organisation terroriste par les États-Unis.
En vertu du plan proposé, les applications iraniennes devront être détenues à au moins 50 % par un citoyen iranien. Elles devront être hébergées en Iran et se conformer aux lois du pays. Les personnes et les entités qui produisent des applis de messagerie en marge de la loi ou qui distribuent des réseaux virtuels privés seront en infraction.
Le gouvernement des États-Unis soutient le droit des Iraniens à la libre circulation de l’information par le biais de mesures comme la General License D1, instaurée par le département du Trésor des États-Unis* et qui facilite l’utilisation des services de communication personnelle.
*en anglais