Couvrir des milliers de kilomètres de surfaces routières avec des panneaux solaires pour produire de l’électricité ? Une idée tellement prometteuse qu’elle a reçu des fonds du gouvernement américain et d’entreprises de capital-risque. Maintenant, l’idée est prête à prendre la route !
Les premiers panneaux photovoltaïques en verre trempé seront installés sur une portion de la célèbre Route 66, à Conway, au Missouri, dans le cadre de Road to Tomorrow*, une initiative de cet État visant à promouvoir l’innovation dans ses infrastructures.

Les routes solaires sont déjà à l’essai dans plusieurs pays en Europe. En 2014, les Pays-Bas ont construit la piste cyclable SolaRoad. La France a récemment annoncé son intention de couvrir, au cours des cinq prochaines années, 1 000 km de chaussée avec des capteurs solaires pour donner un coup de pouce à son réseau électrique. Et en Allemagne, la start-up Solmove est en train de développer un revêtement solaire pour voies piétonnes et pistes cyclables qui produira de l’électricité.
Fondée par Scott et Julie Brusaw, la jeune entreprise américaine Solar Roadways* a obtenu en 2011 de généreuses sommes d’argent à investir dans la recherche, sous la forme de bourses et de financement participatif. Le couple a collecté plus de deux millions de dollars grâce à leur campagne sur Indiegogo, boostée par une vidéo postée sur YouTube, « Solar Freakin’ Roadways », qui est devenue virale et a été vue plus de 21 millions de fois.
Les dalles mises au point par Solar Roadways, hexagonales et résistantes, sont conçues pour assurer une bonne adhérence des pneus. Mais ce n’est pas tout : grâce aux capteurs solaires, elles produisent de l’énergie renouvelable, de la chaleur pour faire fondre la neige et le verglas en hiver, et de l’électricité pour remplacer la signalisation routière au sol par un marquage lumineux. Les routes solaires permettront également d’alimenter les stations de recharge pour les véhicules électriques.

Des prototypes ont été installés sur des voies d’accès privées, des parkings et des pistes cyclables pour réaliser des tests. Les premiers ont été conduits au domicile du couple Brusaw, dans l’Idaho. Maintenant, le revêtement solaire va faire ses débuts officiels sur une aire de repos de la mythique Route 66, à Conway. Cette célèbre route historique a été l’une des premières à traverser les États-Unis d’est en ouest, mais a depuis été remplacée par les autoroutes modernes. Certains États ont toutefois restauré et préservé les portions de cette fameuse route qui existent encore.
Tom Blair, qui est à la tête de l’initiative Road to Tomorrow, a déclaré au Kansas City Star que les panneaux solaires seront en place « d’ici la fin de l’année, peut-être avant les premières neiges ».
Si ce pilote est couronné de succès, des panneaux seront installés sur d’autres routes du Missouri, et on espère que les routes solaires seront rentabilisées grâce à l’énergie produite, ajoute-t-il.

Mais la route est encore longue, si on peut se permettre le jeu de mots. Pour l’heure, les panneaux photovoltaïques coûtent cher, car ils sont fabriqués à la main. On doit aussi trouver une manière de se débarrasser de la poussière, de la pollution des pots d’échappement et d’autres débris qui pourraient atterrir sur la route pour qu’ils n’obstruent pas les capteurs solaires.
Mais si davantage de spécialistes, aux États-Unis et ailleurs, se penchent sur ces problèmes, on aura plus de chances de trouver des solutions.
« D’après nos calculs*, si on recouvrait toutes les surfaces routières et piétonnes des États-Unis avec des panneaux Solar Roadways, elles pourraient produire plus de trois fois la quantité d’électricité utilisée dans le pays », indique l’entreprise.
*en anglais