La chanteuse ukrainienne Jamala tient à ses origines de Tatare de Crimée. Ici, elle interprète une chanson qui parle de la déportation forcée de son peuple pendant la Seconde Guerre mondiale. Comment ne pas faire le rapprochement avec la répression actuelle infligée à ce même peuple ?
Sa chanson, intitulée 1944, raconte comment Joseph Staline avait contraint les Tatars de Crimée, y compris son arrière-grand-mère, à quitter leurs foyers cette année-là. À l’époque, près de la moitié des plus de 230 000 hommes, femmes et enfants*, dans cet exode forcé vers l’Asie centrale et d’autres régions de l’Union soviétique, avaient péri en chemin ou peu après leur arrivée.
Jamala s’est récemment qualifiée pour l’Eurovision 2016 en interprétant sa chanson 1944. Ce qui lui vaudra l’honneur de représenter l’Ukraine en mai, à Stockholm.
Au concours national de qualification en Ukraine, Jamala a surpassé les cinq autres finalistes et été largement plébiscitée* par les juges et le public (qui votait par texto).
Qui est Jamala ?

Jamala — de son vrai nom Susana Jamaladynova —est née à Osh, au Kirghizstan, de père tatar de Crimée et de mère arménienne. Elle lance sa carrière musicale* en 2005 et se fait connaître du grand public après avoir gagné le concours international de la musique New Wave, en 2009. Jamala compose et interprète ses propres chansons, parmi lesquelles on retrouve des rythmes jazz, soul, R&B et pop.
De nombreux Ukrainiens voient un parallèle entre les paroles de 1944 et la répression croissante dont font l’objet aujourd’hui les Tatars de Crimée. (Dans sa chanson, Jamala dit : « Je ne pouvais pas passer ma jeunesse là parce que vous m’aviez privée de ma paix. »)
Sous la houlette des autorités russes d’occupation, cette minorité ethnique musulmane est en butte à des interrogatoires, des sévices physiques, des détentions arbitraires et des perquisitions policières dans ses maisons et ses mosquées. Plus de 10 000 Tatars de Crimée ont été de nouveau contraints de fuir la Crimée depuis le début du conflit.
Prenez part à la conversation sur l’Ukraine en suivant @UnitedforUkr* et abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire sur United for Ukraine*.
*en anglais