L’électricité pour tous, c’est le rêve d’Amos Nguru. Dans sa ferme au Kenya, il produit sa propre énergie à partir des excréments des animaux : 500 poulets, 3 vaches et 2 chèvres. Les déchets agricoles fermentent dans un biodigesteur, qui en fait du biogaz. De quoi alimenter sa maison en énergie.

Mais Amos ne s’est pas arrêté là. D’éleveur, il est devenu entrepreneur. À la tête de la startup Afrisol Energy, il installe aujourd’hui des biodigesteurs dans les zones urbaines ayant un accès limité, voire nul, à l’électricité. Et il est en train de construire des biolatrines dans une école de 2 000 élèves* dans un quartier pauvre de Nairobi, en partenariat avec General Electric et la Fondation pour le Développement en Afrique (USADF).

Une bonne nouvelle pour les élèves, dont certains n’ont pas de toilettes chez eux, mais aussi pour l’école : les déchets vont permettre de produire jusqu’à 15 kilowatts d’électricité par jour. Suffisamment pour éclairer les salles de classe, alimenter des ordinateurs et fournir un éclairage de nuit autour de l’établissement.

Des élèves vus de dos, assis dans une salle de classe, regardant un écran de télé. (Crédit Morgana Wingard/Power Africa)
Des formateurs apprennent aux élèves de l’école primaire Mukuru Kwa Njenga à concevoir des systèmes pour produire du biogaz. Des connaissances qui vont accroître leurs chances de trouver un emploi. (Morgana Wingard/Power Africa)

Si Amos a pu entreprendre ce projet, c’est grâce à une subvention de 100 000 dollars obtenue par le biais de Power Africa. Ce programme lancé en 2013 par Barack Obama a pour objectif de doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Comment ? En développant les installations existantes, mais également en soutenant les solutions hors-réseau, comme celle d’Amos.

Actuellement, 600 millions d’habitants d’Afrique subsaharienne n’ont pas accès à l’électricité. Pour se chauffer et cuisiner, les gens brûlent tout ce qu’ils trouvent : bois, plastique, déchets et autres matériaux toxiques, nocifs pour la santé et l’environnement.

Amos Nguru, debout, à côté de toilettes en construction. (Morgana Wingard/PowerAfrica)
Amos Nguru, fondateur d’Afrisol Energy, inspecte la construction des biolatrines dans l’école primaire Mukuru Kwa Njenga (Morgana Wingard/Power Africa)

Power Africa s’était d’abord concentré sur six pays anglophones. Mais l’initiative a élargi son champ d’action* à plusieurs pays d’Afrique francophones.

–  Au Bénin*, où seulement un tiers de la population a de l’électricité, l’investissement dans les énergies solaire, thermale et hydroélectrique devraient booster la production d’électricité à travers le pays.

– En juin 2015, l’OPIC (l’institution du gouvernement américain pour le financement du développement) a approuvé le financement d’une centrale thermique au Sénégal.

– En Côte d’Ivoire, la conversion d’une centrale électrique devrait permettre d’accroître la production d’électricité de 15 %, de quoi  approvisionner un tiers de la population du pays.

Il reste beaucoup à faire dans le domaine énergétique en Afrique, et le continent a besoin de gens comme Amos Nguru pour innover et proposer des solutions bon marché et respectueuses de l’environnement. Avez-vous déjà pensé à un moyen de produire de l’électricité vous-même ?