Lors d’un récent voyage au Pakisan, la rappeuse Mahogany Jones raconte avoir été émue aux larmes par un chant bouleversant en ourdou.
Elle ne parle pas cette langue, mais elle a ressenti la musique. Voulant en savoir plus, elle a demandé aux membres du groupe de quoi parlait la chanson. Ils lui ont expliqué qu’il était question du deuil d’un amour perdu.
« Je n’ai pas compris les paroles de la chanson, mais ils jouent avec énormément d’émotion et d’intensité, a-t-elle noté. Ça provoque la réaction qui correspond. »

À l’automne 2016, Mahogany Jones s’est rendue au Pakistan et à Madagascar dans le cadre du programme American Music Abroad, du département d’État. Une initiative qui a pour but de rapprocher les cultures par le biais de la musique.
La chanteuse y a tenu des concerts et des ateliers avec des musiciens locaux, mêlant le hip-hop à leur musique.
Pour l’artiste américaine âgée de 38 ans, le hip-hop est une culture d’outsiders. Le style a été créé dans les années 1970 par les Noirs et les Hispaniques du quartier pauvre du South Bronx, à New York.

« C’est la voix de ceux qui sont poussés à bout et, pour moi, ce sont les femmes de couleur qui sont sans arrêt marginalisées », affirme la rappeuse qui a grandi dans une banlieue de New York. Aujourd’hui, elle vit à Detroit, où elle s’investit dans les écoles et les associations qui enseignent aux jeunes des connaissances essentielles par le biais de la musique, la poésie et l’art.
Pendant sa jeunesse, elle a été confrontée directement à la violence domestique. Un épisode qu’elle a abordé dans une interview à une radio de Madagascar. Après l’émission, un des employés de la radio l’a félicitée pour son courage, expliquant qu’il avait grandi dans une situation semblable. Cette conversation a été la plus émouvante de ce voyage, a-t-elle confié.
Au Pakistan, des musiciens lui ont montré comment ils jouaient de leurs instruments, comme de la guitare appelée rubab et de plusieurs types de percussions. Au cours d’un atelier, des musulmans soufis lui ont appris les chants qui accompagnent leurs prières.
Lors d’un autre atelier au Pakistan, consacré à la violence basée sur le genre, Mahogany Jones a chanté sa chanson « Hail to the Queen », qui encourage les hommes à respecter les femmes, par principe.
Quand elle était à Islamabad, la rappeuse a vécu un moment douloureux après le décès dans un accident d’avion de Junaid Jamsheed, un musicien et théologien célèbre là-bas. Elle a collaboré avec de jeunes musiciens pakistanais pour lui rendre hommage en musique. Ensemble, ils ont créé une version fusion de « Dil Dil Pakistan », l’hymne national officieux du pays.
« La musique est vraiment un langage universel parce que c’est un langage d’amour » qui ouvre des portes, estime Mahogany Jones. « Je suis ici pour profiter de vos connaissances. »
Cet article a été rédigé par la pigiste Lenore T. Adkins.
*en anglais