Un itinéraire retrace l’histoire du mouvement des droits civiques

En 1965, Martin Luther King s’est adressé à des milliers de manifestants non violents qui s’étaient rassemblés à Selma, dans l’Alabama, déterminés à revendiquer l’égalité des droits pour les Afro-Américains. L’histoire de ces événements est passée à la postérité, et la ville de Selma est devenue un symbole du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Lee Sentell, qui était inscrit dans une université de l’Alabama à l’époque, a entendu le discours de Martin Luther King à la marche de Selma. Aujourd’hui directeur du département du Tourisme de l’Alabama, il est à l’origine d’un projet réunissant 13 États du Sud visant à faire connaître au monde entier l’histoire du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Photo en noir et blanc d’une foule marchant sur un pont (Anonyme/AP Images)
En 1975, Coretta Scott King (au centre), la veuve de Martin Luther King, et John Lewis (qui siège aujourd’hui au Congrès), commémorent la traversée du pont Edmund Pettus du 7 mars 1965, une manifestation pacifique qui avait été réprimée dans le sang, d’où son surnom de « Bloody Sunday ». (Anonyme/AP Images)

Cette action permet aux gens de suivre le même itinéraire que les héros des droits civiques, de revivre la lutte pour ces droits, et ce, sans avoir à sortir de chez eux. Sur le site civilrightstrail.com*, des vidéos à 360 degrés, des photos historiques comparatives, des interviews et des cartes interactives guident les visiteurs à travers divers lieux des États du Sud qui sont entrés dans l’Histoire.

« Nous voulions offrir au public un endroit unique où trouver des informations sur les principaux lieux symboliques du mouvement des droits civiques. Les activistes ont réussi à combattre la ségrégation instaurée par les gouvernements des États du Sud et ce qu’ils ont accompli est une source d’inspiration partout dans le monde », déclare Lee Sentell.

Photo en noir et blanc d’un groupe de personnes sur un trottoir, en face d’une église (Anonyme/AP Images)
Un agent de la sûreté de l’État montant la garde à un barrage routier, en 1963, devant une église à Birmingham (Alabama). Cette église avait fait l’objet d’une attaque à la bombe dans laquelle quatre filles, noires, ont été tuées. (Anonyme/AP Images)

Le circuit historique commence à Topeka (Kansas), haut lieu de la lutte contre la ségrégation scolaire, fait revivre les marches à Selma et à Birmingham, et continue jusqu’à la Cour suprême, à Washington, dont certains arrêts ont créé des précédents historiques, notamment la déségrégation des écoles dans l’affaire Brown v. Board of Education, en 1954.

« Le site (…) permet aux gens d’entendre les récits de la bouche des personnes qui ont participé au mouvement », explique Liz Bittner, présidente de TravelSouth USA, l’agence de voyage qui a lancé le Civil Rights Trail. « Entendre leurs histoires et pouvoir imaginer ce qu’ils ont vécu est essentiel pour comprendre le mouvement et son impact sur le reste du monde. »

Enseigne disant « Lorraine Motel » devant des bâtiments d’un étage (© Adrian Sainz/AP Images)
L’extérieur de l’ancien Motel Lorraine, à Memphis (Tennessee), transformé en musée national des droits civiques. C’est là que Martin Luther King a été tué par balle alors qu’il se tenait sur un balcon, en 1968. (© Adrian Sainz/AP Images)

L’itinéraire comprend 110 musées, tribunaux, églises et monuments commémoratifs qui ont joué un rôle central dans le mouvement des droits civiques, connectés par le thème « ce qui a eu lieu ici a changé le monde ». L’exploration peut se faire par État*, par thème* ou suivant la chronologie des événements*.

Un message universel

L’origine du Civil Rights Trail vient d’un projet visant à répertorier les symboles restants du mouvement des droits civiques et à identifier des sites qui pourraient faire l’objet de propositions d’inscription au patrimoine mondial. Des recherches menées par des historiens de l’université Georgia State, à Atlanta, ont identifié 60 sites et créé le premier inventaire de lieux symboliques du mouvement des droits civiques.

Des enfants noirs assis dans une salle de classe (© Edmund Fountain, pour le Washington Post/Getty Images)
Des élèves dans la salle Ruby Bridges de l’Akili Academy, à la Nouvelle-Orléans. La salle de classe tient son nom de la première enfant noire à fréquenter une école primaire réservée aux enfants blancs dans le Sud. (© Edmund Fountain, pour le Washington Post/Getty Images)

L’histoire que l’itinéraire retrace contient un message plus universel, souligne Glenn Eskew, directeur de la World Heritage Initiative à Georgia State. « C’est un message de révolte contre l’injustice qui a permis de réformer la société, de créer un monde plus équitable où les gens bénéficient d’un traitement égal et juste, en vertu du respect des droits de l’Homme. »

Cet article a été écrit par la rédactrice indépendante Maeve Allsup.

 

*en anglais