Un numéro pour neutraliser la dengue

Une femme et un garçon assis sur un lit recouvert d’une moustiquaire (© AP Images)
Une mère sert contre elle son fils atteint de la dengue dans un hôpital de Rawalpindi au Pakistan, en 2015. (© AP Images)

Suffira-t-il bientôt d’un simple coup de fil pour anticiper les épidémies de dengue ? Un nouveau service d’assistance téléphonique donne aux responsables de la santé publique du Pakistan les moyens de prédire l’incidence de cette maladie virale transmise par les moustiques.

Il s’agit d’une permanence téléphonique*, pour les questions sur la « grippe tropicale », qui est liée à un algorithme développé par des chercheurs américains et pakistanais. Un système qui leur permet d’analyser les appels reçus et d’anticiper une épidémie deux à trois semaines à l’avance.

Sachant combien de personnes pourraient être infectées potentiellement par le virus, les responsables de la santé publique peuvent prendre des mesures préventives pour limiter l’impact de la dengue sur la population. Comment ? En éliminant les gîtes larvaires et en épandant des insecticides dans les zones affectées.

Pour Lakshmi Subramanian, un professeur de la New York University, le système informatique est si précis qu’il permet d’identifier des quartiers touchés, et même des pâtés de maisons.

Un homme pulvérise un produit dans une rue où se trouvent des passants. (© AP Images)
Un agent sanitaire à Lahore (Pakistan) traite une zone contre la dengue par des fumigations, en 2011. (© AP Images)

Ce niveau de précision fait de cette invention un outil puissant contre les épidémies telle celle qui a ravagé d’un seul coup la province pakistanaise du Punjab en 2011, infectant plus de 21 000 personnes et causant 350 morts. Pris de court, les hôpitaux étaient complètement débordés.

Chaque année, 400 000 personnes  environ seraient infectées par la dengue. Et 2,5 millions de personnes y seraient exposées. Le virus provoque de fortes poussées de fièvre, des maux de tête violents et des douleurs atroces au niveau des articulations et des muscles. Les moustiques porteurs du parasite propagent la maladie pour laquelle il n’existe toujours ni remède ni vaccin.

La permanence téléphonique

Jusqu’ici, 300 000 personnes ont appelé la permanence téléphonique  pour se renseigner sur les symptômes de la dengue. Et le nombre de cas a chuté de façon spectaculaire à Lahore, constatent les chercheurs : l’algorithme a fait ses preuves.

D’après eux, c’est un système rentable qui nécessite peu d’efforts pour collecter et analyser les informations. Il peut être appliqué au paludisme, à la grippe et même à la polio, une maladie pratiquement éradiquée dans le monde, sauf pour quelques cas qui persistent au Pakistan et en Afghanistan.

« Donc, dans une certaine mesure, il est très générique et peut être déployé dans d’autres régions du pays et dans n’importe quel autre pays », se félicite le principal auteur de l’étude Nabeel Abdur Rehman.

 

*en anglais