Avant même la naissance de Merary Cerrato, sa ville de Chamelecón, au Honduras, était terrorisée par des gangs rivaux. Aujourd’hui, à 15 ans, elle est à l’âge cible des gangs qui cherchent à recruter de nouveaux membres. Mais Merary est déterminée à leur résister grâce à un programme inédit destiné à sensibiliser les enfants au problème des gangs avant que des recruteurs ne tentent de les enrôler.

Les gangs forcent souvent les adolescentes, telle Merary, à avoir des relations sexuelles avec des membres du groupe. Les garçons, quant à eux, sont généralement recrutés pour vendre et transporter de la drogue.
Merary fait partie des 160 000 élèves honduriens qui ont participé au programme Gang Resistance Education And Training (GREAT). Celui-ci est mis en œuvre par la police nationale du Honduras avec le financement du département d’État des États-Unis.
Le programme GREAT mène la lutte contre les gangs et leur violence en donnant aux élèves, du CM1 à la troisième, des moyens pratiques pour leur résister, y compris en leur enseignant l’esprit d’équipe, la recherche de solutions aux problèmes et la résolution pacifique des conflits.
« Grâce aux cours du programme GREAT, mes amis et moi avons appris à dire non à la drogue et aux gangs, souligne Merary. On a eu de la chance d’avoir les instructeurs de la police avec GREAT qui nous ont inculqué les valeurs importantes de la non-violence et nous ont aidés à rester sur la bonne voie. »

La participation des policiers de la ville en qualité d’instructeurs du programme GREAT est l’une de ses plus importantes composantes. Margot Andino, qui enseigne à Chamelecón depuis 20 ans, a confié : « Quand GREAT est arrivé dans cette école, beaucoup d’enfants ne faisaient pas confiance aux instructeurs de la police ; ils avaient peur d’être agressés par les membres des gangs si ces derniers venaient à découvrir avec qui ils discutaient. » Depuis, explique-t-elle, les relations se sont beaucoup améliorées.
Le programme GREAT a été lancé en 1991 sous forme d’une initiative locale antigang par la police de Phoenix, dans l’Arizona. Cet effort préventif du recrutement par les gangs s’est ensuite élargi à l’ensemble des États-Unis et a évolué au fil des ans, donnant des résultats remarquables dans les communautés ciblées. Une étude menée en 2012 par l’université du Missouri-St. Louis, par exemple, a montré que les élèves formés par GREAT aux États-Unis étaient moins susceptibles d’adhérer à un gang au cours de l’année suivant leur participation au programme que les autres élèves du même âge. La différence entre les deux groupes s’élevait à près de 40 %.
Le département d’État est entré en partenariat avec GREAT en 2009 dans le but de l’étendre à l’Amérique centrale. Aujourd’hui, le département fournit de la formation, du matériel et du soutien aux instructeurs du programme dans sept pays de la région.

Le Honduras avait le taux d’homicides par habitant le plus élevé du monde entre 2010 et 2014, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, selon le Bureau des nations unies sur les drogues et la criminalité, mais le taux national d’homicides a baissé au cours des dernières années. Merary Cerrato et Margot Andino habitent à Chamelecón, une banlieue particulièrement dangereuse de San Pedro Sula, la deuxième ville du pays.
Malgré la violence qui perdure à Chamelecón, Merary est optimiste bien qu’elle ait perdu des amis et camarades de classe aux mains des gangs. « J’ai toujours vécu à Chamelecón et je le dis fièrement, je sais qu’on peut la transformer et y faire régner la sécurité à nouveau », affirme-t-elle.
Cet article a été rédigé par Caitlin M. Quinn.