
Samba Diamanka est un journaliste du Sénégal, qui couvre les rubriques
politique et société pour un quotidien national. Un jour, il espère pouvoir créer
son propre site d’actualités.
Au mois de mai, le reporter s’est rendu à San Francisco pour y rencontrer d’autres journalistes. Il s’est dit impressionné par la persévérance et l’indépendance de ses confrères américains. « Ici, les collègues jouissent d’une liberté d’expression totale, à quelques exceptions près », a-t-il déclaré à ShareAmerica.
Samba Diamanka faisait partie d’un groupe de 10 journalistes africains qui ont visité des organes de presse américains pendant plusieurs semaines, dans le cadre du Programme Edward R. Murrow pour les journalistes*, du département d’État des États-Unis.
La rencontre avec des confrères américains
Le groupe s’est rendu dans les locaux de médias à Phoenix et à Tucson (Arizona), à Saint-Pétersbourg (Floride) et à Chicago (Illinois). Au cours du programme d’échange qui, lui-même, fait partie du Programme de leadership pour les visiteurs étrangers (IVLP), les journalistes africains ont pu explorer le fonctionnement des médias libres dans une démocratie ainsi que les normes déontologiques de leurs confrères.
« Chez nous, les médias ne sont plus aussi libres qu’ils l’étaient », a fait remarquer Samba Diamanka.

Pendant son séjour à Washington, Samba Diamanka a visité le Foreign Press Center*, un centre où les journalistes étrangers peuvent interviewer des représentants du gouvernement américain.
En juin, un autre groupe de reporters — d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud — participera à son tour au programme Murrow.
Ces 20 dernières années, l’initiative a permis à quelque 2 000 journalistes du monde entier de visiter des organes de presse et de rencontrer leurs homologues américains. Le programme été baptisé ainsi en hommage à l’éminent journaliste américain de radio et de télévision Edward R. Murrow, qui a incarné un journalisme de haut niveau pendant, et après, la Seconde Guerre mondiale.
Voici deux journalistes qui se trouvaient dans le même groupe que Samba Diamanka :
Elysée Ngindu Odia, de la République démocratique du Congo

Elysée Ngindu Odia travaille pour une chaîne de télé en République démocratique du Congo. Elle y a animé, notamment, des débats sur le rôle des femmes dans la société.
À Washington, elle a pu échanger avec une journaliste de la radio publique NPR, et en Arizona, avec une ex-journaliste devenue directrice d’une organisation de défense des droits des Latinos. Deux rencontres qui l’ont beaucoup inspirée.
« C’est difficile pour une femme de faire du journalisme », estime-t-elle. La liberté d’expression des femmes est remise en question, mais les choses évoluent, et il y a plus de femmes qui le font bien. »
En Floride, la présentatrice a discuté des réseaux sociaux et de l’influence croissante de l’intelligence artificielle avec des professeurs de journalisme.
« Il y a confusion entre la fonction du journaliste et celle de l’influenceur, explique-t-elle. Maintenant, je sais ce que je peux faire sur les réseaux sociaux et ce que je dois faire sur les sites Web. »
Ayanda Melansi, d’Afrique du Sud

Ayanda Melansi, une productrice de radio et de télévision en Afrique du Sud, voulait savoir comment les médias font face à la concurrence en cette ère du numérique.
Ce qui l’a surprise, lors du programme Murrow, c’est la capacité des chaînes publiques américaines à lever des fonds auprès de donateurs, sans compter sur le gouvernement ni sur la publicité.
Elle a également remarqué que les médias américains donnaient une grande place à l’actualité régionale. Cette stratégie « hyper locale » permet aux citoyens de savoir ce qui se passe près de chez eux, et elle oblige les élus locaux à justifier leurs politiques.
« Quand une personne veut savoir pourquoi sa rue n’est pas nettoyée, ce n’est pas le gouvernement national qui peut répondre », souligne Ayanda Melansi.
Selon elle, les journalistes doivent expliquer aux gens en quoi les décisions prises par les responsables gouvernementaux les concernent. « Ça m’a ouvert les yeux, professe-t-elle. Il faut se concentrer sur le niveau local. »
*en anglais