Il ne reste qu’une seule institution démocratique au Venezuela : l’Assemblée nationale. Juan Guaido, son président, assume également les fonctions de président par intérim du pays. Comment en est-il arrivé là ?
Qu’est-ce que l’Assemblée nationale ?
Formée dans le cadre de la Constitution de 1999, l’Assemblée nationale se compose de députés élus pour un mandat de cinq ans au suffrage « universel, direct, personnel et secret ».
En 2000, lors de la première élection législative après l’adoption de la Constitution, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), le parti du président en fonction à l’époque, Hugo Chavez, remporte une majorité écrasante de sièges. Mais au cours des dix années suivantes, les législateurs de l’opposition prennent progressivement le dessus.
Comment Maduro sape-t-il l’Assemblée nationale ?
Après la mort de Chavez en 2013, Nicolas Maduro sort vainqueur de justesse de l’élection présidentielle et intensifie les mesures d’intimidation et de répression.
En mars 2017, la Cour suprême (dont il a déterminé la composition) dépouille l’Assemblée nationale de ses pouvoirs législatifs, ce qui provoque la première des nombreuses manifestations dont le pays va être le théâtre à l’échelle nationale ainsi que la condamnation de la communauté internationale.
En août de cette même année, Maduro convoque sa propre « assemblée constituante », prétendument chargée de rédiger une nouvelle constitution. En réalité, cet organe prend des décisions unilatérales en se substituant à l’Assemblée nationale, élue démocratiquement, et consolidant ainsi le pouvoir de Maduro.
Mais l’Assemblée nationale continue de défendre l’État de droit et de s’opposer à Maduro.
Comment Guaido devient-il président par intérim ?
Maduro demande la tenue d’une élection présidentielle en mai 2018, mais l’opposition n’est soit pas disposée à y prendre part, soit incapable de le faire. En décembre 2018, Guaido assume la présidence tournante de l’Assemblée nationale, conformément à un pacte négocié par l’opposition.
En vertu de l’Article 350 de la Constitution, qui stipule que le peuple « renie tout régime, toute loi et toute autorité qui enfreint les valeurs, principes et garanties démocratiques ou porte atteinte aux droits de l’Homme », l’Assemblée nationale déclare l’élection de Maduro en 2018 « illégitime ». L’Organisation des États américains, les États-Unis, l’Union européenne et les 14 pays membres du Groupe de Lima approuvent la déclaration de l’Assemblée nationale.

En janvier 2019, l’Assemblée nationale invoque l’Article 233 (« Lorsqu’un président se trouve dans l’incapacité permanente d’exercer sa charge (…), le président de l’Assemblée nationale assume la présidence de la République ») et confirme Juan Guaido au poste de président par intérim du Venezuela.
Quel avenir pour le Venezuela ?
Lorsqu’il est investi de ses nouvelles fonctions et prête serment, Guaido promet de tenir des élections nationales et de rétablir la démocratie au Venezuela. Depuis, 58 pays l’ont reconnu président par intérim.
Dans un discours aux dirigeants des Amériques, en mai 2019, le vice-président Mike Pence réitère la position des États-Unis : « Nous sommes convaincus que le Venezuela recouvrera un jour la liberté, que la démocratie sera rétablie. Et quand la démocratie sera rétablie, les États-Unis et la communauté mondiale ne laisseront pas un Venezuela libre sombrer dans l’échec. »
Mise à jour d’un article rédigé par le pigiste Philip Terzian et publié le 22 mai 2019.