Venezuela : Maduro manque à ses devoirs face au COVID-19

Une femme en blouse blanche tenant une pancarte, avec d’autres personnes en blouse blanche à l’arrière-plan (© Leonardo Fernandez Viloria/Getty Images)
« Comment affronter le COVID-19 sans eau, sans masque de protection ou sans personnel ? » demande ce médecin lors d’une manifestation du secteur de la santé à Caracas, le 12 mars 2020. (© Leonardo Fernandez Viloria/Getty Images)

Les hôpitaux du Venezuela sont confrontés à des pénuries de fournitures qui affectent à la fois les médecins et les patients. Selon une enquête nationale** menée le 2 avril et certifiée par l’Assemblée nationale, le savon fait défaut dans 92 % du secteur de la santé ; les masques de protection, dans 61 % ; et les gants jetables, dans 79 %.

L’Assemblée nationale a exprimé ses craintes dans un communiqué* : « Les hôpitaux sentinelles, où sont concentrés 60 % des cas de coronavirus au Venezuela, ne sont pas en état de prendre en charge les patients infectés par le COVID-19 ». Les hôpitaux sentinelles sont sélectionnés pour recueillir des données dans une région présentant une grande probabilité de rencontrer des cas d’une maladie.

Sur un site du ministère de la Santé, l’ancien président Nicolas Maduro a répertorié 46 centres médicaux qui, selon son régime, « sont prêts » et capables de recevoir des patients atteints du COVID-19, selon un rapport de Reuters.

Maintenant, lui et ses alliés punissent les journalistes, les médecins et les membres de l’Assemblée nationale parce qu’ils dénoncent le mauvais état des infrastructures médicales de leur pays.

Du matériel médical sale et détérioré sur un plateau (© Federico Parra/AFP/Getty Images)
Du matériel médical à l’hôpital de Guiria (Venezuela), le 14 mars 2020. (© Federico Parra/AFP/Getty Images)

Dans un tweet du 20 mars**, Darvinson Rojas, journaliste vénézuélien à la pige, a dénoncé l’écart entre le nombre de cas positifs au COVID-19 confirmés qui est déclaré par le régime Maduro et celui annoncé par les hôpitaux et les journalistes.

Le lendemain, M. Rojas a été arrêté par la police spéciale de Maduro, qui a affirmé avoir reçu une communication anonyme selon laquelle le journaliste aurait testé positif au COVID-19, ce qui n’est pas le cas, rapporte le Comité pour la protection des journalistes*. Ses parents ont également été placés en détention et interrogés par la police, mais ont été libérés plus tard dans la soirée.

À sa libération, le père de M. Rojas a déclaré à un journaliste local** qu’il avait entendu la police interroger son fils à propos des statistiques sur le COVID-19 indiquées dans son tweet du 20 mars.

Darvinson Rojas a finalement été libéré le 2 avril, mais avec des restrictions sur sa liberté, selon des médias vénézuéliens.

Dans le même registre, docteur Ruben Duarte a publié une vidéo** sur les médias sociaux demandant au régime Maduro du matériel afin que son hôpital puisse respecter les codes sanitaires pour traiter des patients atteints du coronavirus. En représailles, l’agence de contre-espionnage du régime Maduro a placé le médecin en détention.

Tony Geara, membre de l’Assemblée nationale, a tweeté qu’un hôpital local d’un État du sud du Venezuela n’avait pas l’eau courante. En réponse, la police a perquisitionné son domicile** pendant quatre heures. Les services secrets de Maduro l’ont ensuite arrêté alors qu’il s’apprêtait à apporter à manger à un voisin qui avait besoin d’aide, selon l’Assemblée nationale*.

Le 31 mars, le gouvernement américain a proposé un cadre pour le rétablissement de la démocratie au Venezuela. « L’urgence de la situation est encore exacerbée par l’incapacité du régime de Maduro à se préparer et à faire face comme il se doit à la pandémie de COVID-19 », a expliqué le secrétaire d’État américain, Michael Pompeo.

 

*en anglais

**en espagnol