
Le gouvernement des États-Unis a sanctionné trois personnalités du Nicaragua pour violations des droits de l’homme et faits de corruption, dont le chef de la police nationale pour avoir dirigé le passage à tabac et le meurtre de manifestants pacifiques.
Ces mesures de rétorsion sont une réponse à la crise et à la violence en cours* qui ont fait au moins 220 morts et près de 1 500 blessés parmi les manifestants, indique le département du Trésor des États-Unis dans un communiqué publié le 5 juillet.
Le gouvernement du président Daniel Ortega a réagi aux mouvements de protestation pacifique en s’en prenant à des journalistes, qui ont été roués de coups, aux chaînes de radio et stations de télévision locales, qui ont été la cible d’attaques, et aux mères pleurant la mort de leurs enfants, qui ont été elles-mêmes victimes d’agressions, est-il précisé dans le communiqué.
Les sanctions, conjuguées à des mesures prises antérieurement, montrent « que les États-Unis dénonceront ceux qui sont responsables de la campagne de violence et d’intimidation en cours du gouvernement nicaraguayen contre son peuple et qu’ils leur demanderont des comptes* », a déclaré Heather Nauert, porte-parole du département d’État, le 5 juillet.
Les personnalités sanctionnées sont les suivantes :
- Francisco Javier Diaz Madriz, chef de la police nationale du Nicaragua, pour présomption de mauvais traitements allant jusqu’à des exécutions extrajudiciaires perpétrées sous son commandement. En outre, la police nicaraguayenne aurait mis le feu à une habitation à Managua, ce qui a coûté la vie à une famille de six personnes — dont deux jeunes enfants — et tiré sur les voisins pour les empêcher d’intervenir.
- Fidel Antonio Moreno Briones, le leader des jeunesses sandinistes, affiliées aux Front sandiniste de libération nationale (FSLN), auxquelles il a donné l’ordre de rouer de coups les manifestants. Il aurait également participé à l’attaque qui a tué les six membres d’une famille à Managua. Moreno est également accusé d’avoir volé des fonds destinés à des projets municipaux à Managua et utilisé des fonds municipaux pour financer des activités du FSLN.
- Jose Francisco Lopez Centeno, vice-président d’Albanisa, qui importe et vend des produits pétroliers vénézuéliens, et président de la compagnie pétrolière nicaraguayenne Petronic, pour s’être enrichi et avoir enrichi sa famille en tirant parti de ses fonctions. Il a notamment utilisé des entreprises détenues par sa famille pour obtenir des contrats du gouvernement. En outre, il aurait détourné des fonds destinés à des projets d’infrastructure en percevant des droits à titre personnel et placé un grand nombre d’officiels dans l’administration pour pouvoir voler plus facilement des millions de dollars.
Aux termes des sanctions, tous les avoirs de ces trois personnalités détenus aux États-Unis sont bloqués, et les citoyens américains n’ont généralement pas le droit de se livrer à des transactions avec elles.
Les mesures prises par les États-Unis sont autorisées conformément à la loi Global Magnitsky Human Rights Accountability Act de 2016, qui permet aux États-Unis de citer nommément les individus visés, de préciser leurs crimes et de leur interdire d’utiliser le système financier américain ou de se livrer à des transactions commerciales avec des ressortissants des États-Unis.
*en anglais